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11: Conclusion: Les Grandes Lignes de la Polemique

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Ayant sejourné pendant de longues périodes dans plusieurs pays, j'ai noté que dans chacun une interprétation ethnocentrique du monde et de l'histoire prédominait. Souvent il y avait une seconde intérpretation qui représentait le point de vue politique ou religieux de la minorité. Il pouvait y avoir même d'autres minorités moins importantes, chacune avec son interprétation de l'histoire qui pouvait servir à étayer son programme politique.

C'est ce qui m'a frappé quand j'ai visité l'Espagne la première fois en 1931. Bien que je fusse déjà un hispanophile, j'avais absorbé inconsciemment l'interprétation anti-espagnole de l'histoire qui avait predominé en France et en Angleterre depuis l'époque de Philippe II. Je pensais que l'Espagne, étant comme la France un pays "latin" et catholique, aurait une interprétation semblable du monde et de l'histoire. Quelle n'a pas été ma surprise quand un espagnol, guère conservateur, m'a annoncé, comme un fait indéniable, que l'empire espagnol, que les européens en général méprisaient, était le plus grand que le monde ait jamais connu!

Les points de vue majoritaire et minoritaire représentent souvent des générations différentes. Souvent les individus adoptent la position adverse lorsqu'ils vieillissent. Beaucoup de nos anti-communistes les plus féroces ont ainsi été marxistes dans leur jeunesse. Mon cher maître Salvador de Madariaga avait été un champion du libéralisme à l'époque d'Alphonse XIII, et, même après sa mort, il a gardé cette réputation parmi les libéraux étrangers qui n'avaient pas suivi son développement intellectuel. En réalité, il s'était transformé en un archi-conservateur. Comme fonctionnaire de la Ligue des Nations et ensuite professeur à Oxford, il avait sans doute souffert du mépris que les intellectuels et même le grand public avaient pour son pays et pour les espagnols. Plein d'espérance et d'ambition, il renonça à sa chaire et rentra en Espagne pour servir la nouvelle république, mais il n'appartenait a aucune coterie politique capable de l'appuyer dans la lutte politique qui mena à la guerre civile. La gauche, qui gagna les élections de 1936, le rejeta avec mépris. Voyant l'Espagne en proie à l'anarchie, il écrivit son livre O jerarquía o anarquía, dont la publication souleva un tollé parmi ses ennemis. Il se réfugia en Angleterre de nouveau quand la guerre civile éclata. Sans chaire et à court d'argent, son fiel produisit un changement profond dans ses idées. Le grand public le connaissait maintenant pour ses attaques contre Franco, qui le méprisait comme un ancien libéral.

En réalité, ses livres d'érudition exprimaient à ce moment là un point de vue très semblable à celui des intellectuels franquistes. Il était même plus conservateur qu'eux, ce qui est évident dans sa grande trilogie sur Christophe Colomb, Cortés, et Simón Bolívar. Ce fut le livre sur Bolívar qui provoqua un scandale académique. Même les conservateurs espagnols respectaient Bolívar, tandis que Madriaga le considérait au fond comme un brouillon négroïde qui avait détruit le grand empire espagnol. Le volume sur Bolívar, symbole du libéralisme américain et de l'indépendance des pays bolivariens, provoqua la colère surtout des vénézuéliens, déçus parce qu'ils avaient supposé que Madariaga allait composer un récit épique sur leur héros national. Ils avaient reçu Don Salvador avec une hospitalité enthousiaste; maintenant c'était un misérable ingrat qui méritait les attaques virulentes dont il devint la cible. Son érudition et ses recherches dans les archives historiques n'étaient qu'une façade pour la propagande espagnole ultra conservatrice.

En réalité, les deux premiers volumes de la trilogie avaient déja inquiété les historiens. Le premier, celui sur Colomb, laissa entrevoir l'idée qui se révéla clairement dans le volume sur Corts et, à plus forte raison, dans celui sur Bolívar. Madariaga a usé et abusé des documents pour prouver que Colomb était espagnol. Pour les Mexicains, Corts, dont il n'y a pas de statue au Mexique, représentait l'imperialisme espagnol; c'était un aventurier misérable qui avait détruit l'empire aztèque (qu'on n'accuserait jamais d'impérialisme!).

Nous voyons maintenant la continuité de ce débat, qui a commencé, comme nous l'avons vu, au 18ème siècle, et qui a fait explosion lors des célébrations en 1992 de la "découverte" de l'Amérique. Les "européens", qui connaissaient mal ce débat, ont été surpris par les protestations contre ces célébrations, et même contre Christophe Colomb, vu jusqu'alors comme un grand héros de la Renaissance. Pour expier un peu les crimes espagnols en Amérique, même le gouvernement espagnol socialiste a rendu un hommage discret à Las Casas, qui avait fourni aux ennemis de l'Espagne une quantité énorme de munitions.

La polémique sur l'Espagne et l'empire espagnol avaient commencé en France et en Angleterre, avant de se répandre en Espagne, où elle a été l'élément essentiel de la lutte politique entre conservateurs et libéraux. Les autres pays européens, surtout l'Allemagne et l'Italie, ont joué un rôle secondaire dans l'épopée américaine et dans cette polémique autour de la "légende noire". Nous n'en avons guère parlé, mais les abus des espagnols en Allemagne, dans les Pays Bas, et en Italie, ont eu des repercussions sur l'historiographie des deux pays. J'ai constaté sur place que, plus ou moins inconsciemment, même les juifs d'Istamboul ont pris part dans ce débat et se rangent du côté des victimes de la tyrannie espagnole.

La légende noire au 18ème siècle se divise en réalité en deux: l'Espagne comme un pays pittoresque mais misérable, et la conquête espagnole de l'Amérique, surtout du Prou. Madariaga lui même aurait du mal à faire de Pizarro un héros. Depuis la mort de Franco, l'image de l'Espagne a changé totalement. C'est maintenant un pays moderne et "européen". La fameuse phrase "Il n'y a plus de Pyrénées" a acquis une nouvelle signification. L'ancienne haine, à laquelle avait succédé le mépris, a disparu à tel point que la génération actuelle a du mal à la comprendre. Cette partie de notre étude a par conséquent un intérêt plutôt historique.

La partie américaine de la légende noire est au contraire bien vivante, surtout dans le "Nouveau Monde" (expression eurocentrique qui doit faire enrager les indigénistes). La guerre civile qui a sévi du Guatemala jusqu'au Prou est la continuation, après quatre siècles (!), de la conquête espagnole. Nous ne savons pas encore comment elle finira. Dans les autres pays américains, surtout aux Etats-Unis, au Mexique, et au Chili, les indigènes jouissent d'une grande sympathie. La plupart des européens ne se rendaient guère compte de la force de cette sympathie. En discernant le Prix Nobel de la Paix à l'indienne guatemalteque Rigoberta Menchu, le comité Nobel, influencée par les partisans des Indiens, a choqué les européens et les gouvernements des pays américains ou sévissait la guerre civile. Il est évident que la partie amércaine de notre étude explique cette crise. La légende noire existe encore. Mais peut-on parler de légende?

Le débat dont nous avons parlé n'est qu'un fragment d'une mosaique beaucoup plus grande. Pour la compléter j'ai pensé presenter la Weltanschauung de représentants de différents courants espagnols. Pour mes premières études monographiques j'ai choisi le libéral Ramón de Campoamor et, comme représentant de la gauche catholique, Emilia Pardo Bazán. Le temps m'a manqué pour étudier des représentants d'autres courants espagnols.

Tout ceci rentre dans l'histoire des idées et aussi des relations internationales. Pour les Etats-Unis, nous avons les trois volumes: Main Currents in American Thought, de Vernon L. Parrington, mais son approche est plus locale et moins internationale que celle que nous préconisons. La charte des Nations Unies proclame que la guerre commence dans l'esprit des hommes. Cela est vrai, l'omission des femmes n'est pas tout simplement du chauvinisme masculin. Il faudrait des études semblables aux miennes pour expliquer les ambitions de l'Iran et de l'Iraq. Où va la Russie? Le débat historique sur cette question a beaucoup de points communs avec celui que nous avons étudié sur l'Espagne. Malheureusement la plupart de nos professeurs d'histoire ne dominent pas assez les langues étrangères pour entreprendre de telles études. Les professeurs de langues et de littérature seraient les plus indiqués pour les poursuivre, à condition qu'ils sachent plusieurs langues. En tout cas, il y a ici un vaste champ de recherches qui mérite l'attention des érudits du monde entier, au moins de ceux qui se préoccupent du sort de l'humanité et de la paix mondiale.

LES AUTEURS FRANÇAIS

Comme nous l'avons indiqué, l'Abbé Guillaume-Thomas Raynal, qui de son vivant occupait un rang comparable à ceux de Rousseau et de Voltaire, est presque oublié aujourd'hui, même dans le monde universitaire. Deux érudits modernes s'en sont occupés. Ils sont morts, et leurs livres sont épuisés et difficiles à trouver. Anatole Feugre est l'auteur de L'Abbé Raynal, un précurseur de la Révolution. Ce livre de 459 pages a été publié en 1922 par L'Imprimerie Ouvrière, un éditeur d'Angoulême dont le nom indique l'orientation. Feugre décrit l'Histoire des Indes comme "une arme brillante et forte, dangereusement utile". Il est curieux que, même avec une subvention du Fonds Alphone Peyrat, Feugre n'ait pas pu trouver un grand éditeur parisien. Le livre de Hans Wolpe, Raynal et sa maChine de guerre (1957, pp. 252) a été publié par Stanford University Press et semble être peu connu en France. Wolpe était un disciple d'Andre Morize, grand specialiste du 18ème siècle, mais il a fait sa carrière à Stanford. Son livre, qui malheureusement n'a ni bibliographie ni Index, est surtout une comparaison entre les différentes éditions.

Il y a une littérature énorme sur la Grande Encyclopédie et les Encyclopdistes, mais très peu sur l'Encyclopédie Méthodique. Robert Darnton, dont quelques livres ont été traduits en français, est très connu pour ses études de la Grande Encyclopédie. Son livre le plus connu, publié en 1979 par Harvard University Press, a comme titre The Business of Enlightenment: A Publishing History of the Encyclopédie, 1775-1800. La traduction française, que nous citons ici, a été publiée à Paris par la Librairie Académique Perrin (1982, pp. 445) sous le titre L'Aventure de l'Encyclopédie 1775-1800: Un best-seller au siècle des Lumières. Il semble que l'anglicisme "best-seller" ait été introduit pour remplacer le mot "business", qui en franglais a un sens très négatif. Le mot "business" dans le titre anglais indique bien la portée du livre, qui donne des renseignements très détaillés sur la Grande Encyclopédie comme entreprise commerciale. Le mot "business" avait déja été employé par Ralph H. Bowen dans son essai "The Encyclopédie as a Business Venture" (1969), mais Darnton trouve qu'il exagère: "La documentation est trop mince pour étayer une interprétation d'ordre économique solide" (p. 431). Darnton s'occupe plutôt des personnalités que des chiffres de vente, etc.

Darnton consacre un chapitre (viii) à l'Encyclopédie Méthodique. Le titre français, "La dernière encyclopédie", fausse le sens de l'original anglais, "The Ultimate Encyclopedia". "Ultime" en français veut dire tout simplement "dernier", mais en anglais "ultimate" a un autre sens, et veut dire "impossible de surpasser". Bien entendu, l'Encyclopédie Méthodique n'est pas la dernière encyclopédie. "Ultimate", fait allusion, avec une certaine ironie, aux dimensions de ce magnum opus, qu'on s'imagine difficilement, puisque très peu de bibliothèques en ont la collection complète. C'est en elle-même une véritable bibliothèque, ou, pour employer le mot de Darnton, une université; il y a un ou plusieurs volumes sur chacune des Trente-neuf matières qui sont décrites, en commençant par l'histoire naturelle (9 volumes). En réalité, il y a cinquante matières, puisque plusieurs sont groupées ensemble (par exemple chimie, métallurgie, pharmacie). La structure que cette encyclopédie est donc "méthodique", et non pas alphabétique. Son histoire est compliquée, même confuse. Selon Darnton, en 1791, il y avait 125 volumes. Come Louis XVI, ce vaste projet a été une des victimes de la Révolution.

Darnton regrette qu'il soit aussi une victime de l'indifférence académique:

"Aujour'hui, l'Encyclopédie Méthodique repose ignorée sur les rayons les plus inaccessibles des bibliothèques de recherche. Elle n'a pas éveillé la curiosité d'un seul étudiant en mal de thèse. Pourtant, elle mérite d'être exhumée de l'oubil car elle représente l'aboutissement de l'encyclopédisme" (p. 295).

Il faut remarquer encore une fois que Darnton emploie de nouveau le mot "ultimate"; il parle de "the ultimate in encyclopedism", ce qui n'est pas l'aboutissement. J'ai présenté moi-même un travail sur l'Encyclopédie Méthodique dans un congrès international d'histoire. Il était évident que les assistants l'ignoraient complètement. (Voir mon travail "La Enciclopedia, la independencia y el Perú", 1968).

Il est curieux que l'Abbé Raynal, qui était ami de Diderot et des Encyclopdistes, ne figure pas dans le livre de Darnton. Il est évident que, jadis célèbre, Raynal est tombé dans l'oubli comme l'Encyclopédie Méthodique. Le pauvre Mariana n'est pas nommé dans le texte du livre de Darnton. Son nom paraît seulement dans l'annexe C, "Les auteurs de l'Encyclopédie Méthodique," qui est tout simplement une table avec les noms des auteurs et une indication des sociétés savantes auxquelles ils appartenaient et de leur orientation politique. Dans cette liste, sous "Géographie moderne", on trouve tout simplement l'entrée "N. Mariana, secrétaire du gouvernement de Normandie, 1740?-1789", sans autres renseignements. Il n'appartenait à aucune des sociétés savantes qui figurent dans cette liste, et il n'y a aucune indication de son orientation politique. De son vivant, il était peu connu, sauf en Espagne, où il a eu un succès de scandale.

L'Abbé Raynal, l'Encyclopédie Méthodique, Mariana, les voyageurs anglais en Espagne: tous oubliés aujourd'hui. Notre livre a au moins le mérite de les sauver de l'oubli et peut-être de leur rendre justice.

RAYMOND FOULCHE-DELBOSC (1864-1929)

Pour nos notes bibliographiques sur les voyageurs anglais en Espagne, nous avons utilisé un ouvrage important que nous n'avons pas pu consulter en écrivant notre texte. Longtemps épuisée et difficile à trouver, la Bibliographie des Voyages en Espagne et Portugal (1896) par Raymond Foulché-Delbosc, est unique. Cet hispaniste remarquable est presque oublié aujourd'hui parce qu'il a evité l'enseignement universitaire et s'est dédié à la bibliographie, tâche lourde et peu glorieuse. De son vivant il était très connu en Espagne, qu'il connaissait intimement; cette Bibliographie en est la preuve. En plus, il maintenait des relations très cordiales avec les érudits espagnols. Il est regrettable que leur admiration n'ait pas conduit à une traduction espagnole de la Bibliographie des Voyages, dûment mise à jour. Toute la bibliographie du 18ème siècle est très compliquée à cause en partie de la profusion d'éditions publiées dans des différents pays européens. Souvent elles circulaient illégalement et sont aujourd'hui très difficiles à trouver. Admettons que la Bibliographie des Voyages n'est pas complète, mais il faudrait un nouveau Foulché-Delbosc pour combler les lacunes. Pour les ouvrages anglais il exprime son vif sentiment de reconnaissance à un autre érudite également oublié aujourd'hui, James Fitzmaurice-Kelly. En réalité, c'est à celui-ci surtout que nous devons les renseignements bibliographiques sur les livres angalis.

Pour des renseignements sur Foulché-Delbosc, il faut consulter le dernier tome (LXXXI), paru en 1933, de la Revue Hispanique fondée par lui en 1894, quand il avait Trente ans. Ce monument d'hispanisme a été sauvé en 1905 par Archer M. Huntington, fondateur de la Hispanic Society of America, sous les auspices de laquelle la revue a paru jusqu'à la mort de Foulché-Delbosc et par conséquent de la revue; personne n'était capable de le remplacer. Le dernier tome consacre 240 pages à sa vie et à son oeuvre. Sa production érudite est vraiment incroyable, comme le temoigne la bibliographie qui occupe les pages 85 à 192.

La Bibliographie des Voyages en Espagne et en Portugal (pp. 349) a paru d'abord comme le tome III (1896) de la Revue Hispanique. Un tirage à part a servi de base à la reproduction photographique publiée en 1969 par Meridian Publishing Company d'Amsterdam; cet éditeur n'existe plus, et l'édition est introuvable. Si nous avons pu en trouver un exemplaire, notre travail aurait été plus facile.

Les érudits espagnols n'apprécient pas toujours l'hispanisme des étrangers même hispanophiles, comme nous avons vu au cours de ce livre, et ils cherchent la petite bête. C'est le cas du compte rendu de la Bibliographie des Voyages, par Joquín Maldonado Macanaz, qui a paru dans le Boletín de la Real Academia de la Historia. Dans une réponse (Revue Hispanique, tome IV, p. 108), Foulché-Delbosc accuse l'historien espagnol d'avoir comis des erreurs. Ne nous occupons pas ici des guerrillas entre hispanistes, qui a eu comme conséquence la création du Bulletin Hispanique par des professeurs universitaires pour faire concurrence à la Revue Hispanique. Ils étaient jaloux de Foulché-Delbosc, qui n'était pas un des leurs. Insistons plutôt sur son amitié avec de grands hispanistes comme Adolfo Bonillay San Martin et José Rufino Cuervo. Il a reçu la collaboration très active d'un bibliothécaire de la Sorbonne, Louis Barrau-Dihigo, avec qui il a écrit son dernier livre, le Manuel de l'Hispanisant, publié, comme plusieurs autres de ses travaux, par la Hispanic Society of America.

Foulché-Delbosc a commencé sa carrière comme linguiste, ce qui lui a permis de tracer dans sa Bibliographie 858 livres de voyages en seize langues. Nous indiquons, entre parenthèses, le nombre d'éditions originales dans chaque langue: français (313), anglais (229), allemand (123), espagnol (107), Italien (30), Portugais (11), latin (9), Hollandais (9), arabe (6), Danois (5), russe (5), suédois (4), Polonais (3), tchèque (2), catalan (1), hébreu (1). Le nombre total des éditions de ces 858 livres s'élève à 1730.

Les 858 livres sont catalogués chronologiquement. Le premier ouvrage cité, en latin, est du deuxième siècle: il s'agit d'un iténaire de Cadix à Rome. Le dernier livre est de 1895. Le 18ème siècle a produit un foisonnement de livres de voyages, expression de l'esprit encyclopédique de l'époque. Foulché-Delbosc s'intéresse surtout aux livres français, nombreux à cause du voisinage de l'Espagne et du Pacte de Famille entre les Bourbons des deux pays. Mais les voyageurs anglais nous intéressent plus, parce qu'ils ont pénétré plus dans les recoins les plus obscurs de l'Espagne.

Ceci est évident dans la structure de la Bibliographie des Voyages. Foulché-Delbosc donne d'abord une liste des éditions et des traductions, introduisant chacune par une lettre majuscule (A, B, C, etc.). A fin de la bibliographie de chaque auteur, il donne une liste des endroits qu'ils ont visités. Ce sont souvent des villages, dont quelques uns n'existent plus. Cela prouve que Foulché-Delbosc n'était pas un simple bibliographe. Il a lu ces livres, et il a sans doute visité beaucoup des endroits qui figurent dans ces listes. Nous savons que c'était un grand voyageur, et non seulement un érudit de cabinet, comme la plupart des hispanistes univérsitaires. A la fin de la Bibliographie ds Voyages il y a une "Table Alphabétique", mais elle donne tout simplement organisée chronologiquement et non pas alphabétiquement. Mais elle ne donne pas les noms des endroits visités par les voyageurs. Pour cela, il faudrait une autre table, avec une carte detaillée de l'Espagne indiquant les routes qu'ils ont suivies. Cela ferait partie de la nouvelle édition, dont nous encourageons la préparation et la publication.


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