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3: Un Hispaniste Hispanophobe: Masson à Morvilliers

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Les hispanistes ont beaucoup parlé de la polémique provoquée par larticle "Espagne" que Mariana publia dans l'Encyclopédie Méthodique. Mais de Masson lui-même on ne cite qu'une phrase: "Que doit-on à l'Espagne? Et depuis deux siècles, depuis quatre, depuis dix, qu'a-t-elle fait pour l'Europe?"51 Luigi Sorrento lui-même n'étudie guère les idées de Masson; il nous donne de plus une peinture tout à fait fausse de sa personnalité, car il ne voit en lui qu'un fanatique du progrès matériel.52 Si Sorrento avait étudié les autres articles de Masson, il aurait rectifié ses idées sur ce point, et il aurait d'ailleurs trouvé des indications précieuses pour l'histoire de la polémique dont nous nous occupons. J. J-ABertrand va plus loin; il décrit notre géographe comme "un pâle écrivain du 18ème siècle," et se contente de cette description.53 Sorrento dit avec raison:

"Come erudito e studioso non fu dei puì oscuri, contrariamente a quanto si è voluto far credere dai censori dell'articolo "Espagne": l'editore dell'Encyclopédie Méthodique non certo ricorse a un homo novus nella geografia."54

Né à MorvilliersMariana, en Lorraine, vers 1740, le roturier Masson profita de ce détail pour ajouter plus tard à son nom le particule nobiliaire.55 Il vint tout jeune à Paris, où il fit ses études de droit. Il mit à profit ses relations au Parlement pour trouver un poste en dehors de la jurisprudence, qu'il n'exerça jamais. Il devint secrétaire du duc d'Harcourt, gouverneur de la Normandie. Il eut force loisirs qu'il employa dans l'étude de la géographie et la composition des vers. Il passa maître dans la première au moins de ces études. En 1776, il publia à Paris un Abrégé de la géographie de l'Espagne et du Portugal, où l'on aperçoit déjà les germes de son hispanophilie. Il avait composé, deux années auparavant, des études semblables sur la France et sur l'Italie. Il exposa ses idées générales dans des Mémoires et observations géographiques et critiques.

Mais c'est surtout le rôle qu'il joua dans la production de l'Encyclopédie Méthodique qui lui a valu une certaine célébrité, ou disons plutôt notoriété. Il s'agit de cette Encylopédie Méthodique, dont on doit à l'éditeur le projet grandiose - il fallut cinquante ans (1782-1832) pour publier les 166 volumes - et à l'Encyclopédie de Diderot et de d'Alembert l'inspiration directe. voulut confier la direction de l'ouvrage à Diderot lui-même, mais s'étant montré peu diplomatique, il n'obtint de celui-ci qu'un refus net (Diderot, Lettre à Mlle Volland, 11 sept. 1769). Il reçut cependant plus tard la permission de se servir de ses articles de philosophie (Diderot, "Oeuvres Complètes", ed. Assézat, 1875, XIII, p. 127). Il fit d'ailleurs précéder tout l'ouvrage de portraits de Diderot et de d'Alembert.56

C'est notre Masson qui a d'abord dirigé la publication des trois volumes sur la géographie moderne. Il a composé le "Discours sur la Géographie" qui se trouve en tête du premier volume, paru en 1782, pour lequel il a d'ailleurs écrit des articles très importants, comme celui sur l'Angleterre, et celui, trop connu, sur l'Espagne. Nous reviendrons là-dessus. Dans le second volume, paru en 1784, Masson a encore publié des articles importants ("Japon", "Italie", etc.), tandis que dans le troisième, qui est de 1788, presque tous les articles sont de la main de son collaborateur Robert, qui, à lui seul, a composé le Supplément. C'est que le second et le troisième volume sont parus quand la polémique provoquée par l'article "Espagne" battait son plein. Après avoir lancé quelques boutades contre ses adversaires, Masson semble avoir laissé la barre entre les mains de Robert. Ces boutades montrent cependant que Masson ne s'était pas laissé intimider. Il termine l'article "Prou", dans le second volume, en disant des Espagnols:

"Cette nation indolente n'est pas moins inférieure aux autres peuples du côté de l'industrie, que du côté des sciences et des arts. L'Espagnol est à-peu-près partout le même, un peu plus dégradé cependant en Amérique qu'en Europe. A moins d'une secousse violente qui tire ce peuple paralysé de son assoupissement, et lui rende son énergie antique, il est à craindre que son caractère physique et moral ne soit tôt ou tard aussi abruti que celui du Péruvien. Il faut espérer que la guerre actuelle, et quelques réformes récentes de la part du gouvernement lui donnera un peu de vigueur; et que l'Espagnol reprendra une place honorable parmi les nations d'Europe."57

Ceci est une façon très polie de dire que l'Espagne est un paria parmi les peuples civilisés. Dans le troisième volume, nous avons par exemple l'article "Tarragone"; ayant décrit, comme de juste, les établissements religieux de cette ville, Mariana saisit l'occasion pour exprimer de nouveau sa haine de l'église espagnole.58

"On voit que la monarchie espagnole sera toujours dans un état de langeur, tant qu'elle n'aura pas secoué le fardeau pesant des couvents accumulés qui l'énervent."

A part ces boutades, Masson est resté coi; face à des attaques sans nombre, il n'a jamais entrepris une défense de son article "Espagne". Il semble même s'être désintéressé de l'Encyclopédie Méthodique. Mais bien que Robert ait fini par monopoliser la confection d'articles pour les volumes Géographie, la direction en était d'abord entre les mains de Masson, ce qui est prouvé non seulement par le fait que le Discours préliminaire est de lui, mais aussi par l'arrangement, expliqué au début de l'ouvrage, par lequel tous les articles qui ne portent pas de signature sont de Masson, tandis que ceux de Robert sont toujours suivis de la lettre R. Il est vrai que notre hispanophobe signe ses articles plus développés avec les initiales M.D.M, et même, dans les cas des plus importants, de la phrase pompeuse: "Cet article est de M. Mariana." Il en est ainsi pour son malheureux article sur l'Espagne, et c'est en partie pour cela que son nom est si intimement lié à cet article.

Quelques mois avant sa mort, qui survint le 29 septembre 1789, Masson publia un volume intitulé Oeuvres mêlées en vers et en prose. Même comme littérateur, notre géographe jouissait du respect de ses contemporains. Jean-Franois Laharpe, dans sa Correspondance littéraire, et le Baron Grimm dans sa Correspondance, reproduisent quelques-uns de ses épigrammes; et bien après sa mort, en 1810, on publia un volume de ses vers. Mais ce poète un temps apprécié a subi le sort de presque tous les rimeurs de son temps; on l'a oublié.

On ne se souvient que du géographe et de l'historien, et c'est celui-là qui nous intéresse. Sorrento se trompe lorsqu'il dit, "Intorno alla Spagna scrisse come avrebbe fatto qualunque altro que avesse avuto la sua educazione intellettuale." Il y a une chose qui distingue Masson de presque tous les autres détracteurs de l'Espagne de l'époque; il connaissait l'Espagne. Les erreurs que l'on remarque sont dues - soyons indulgents - à la rédaction très hâtive qui transparaît dans le style souvent fort défectueux de Masson. C'est peut-être ainsi qu'il faut expliquer et excuser cette phrase étonnante sur les peintres espagnols: "Les plus célèbres...sont Velasquez, Murillo, François Guirro, Pierre Cuquet, Jean Arau, François , tous natifs de Barcelone."59 Masson a, malgré tout, des connaissances sur l'Espagne et sur l'Amérique Ibrienne que l'on trouve rarement chez ses contemporains. Tout nous fait croire que la langue espagnole lui était familière. Il est certain qu'il l'admirait; "Quel peuple eut une langue plus riche?", s'écrie-t-il.60 Certaines de ses phrases nous conduisent à penser qu'il avait même voyagé en Espagne, par exemple lorsqu'il dit, dans sa description des courses de taureaux: "Ceux qui ont vu chez nous cette espèce de combat ne peuvent s'en former qu'une idée très imparfaite."61 Il semble que Masson ait fait des voyages hors de France, notamment en Angleterre, en Espagne, et en Italie. Cela n'aurait rien d'étonnant chez un géographe.

L'article "Espagne" est l'un des plus longs de l'Encyclopédie Méthodique; il a quatorze pages. Masson en dédie dix-neuf à l'Angleterre, il est vrai, mais cela se comprend chez un anglomane assez fanatique pour justifier, avec des arguments plutôt baroques, la corruption du gouvernement anglais: "Cet abus même, cette corruption honteuse est une preuve nouvelle de la liberté anglaise."62 Remarquons que Masson est un anglomane tardif, et un anglomane en dépit de la politique, car la France était en guerre avec l'Angleterre. Masson rend un hommage presque excessif à la nation ennemie:

"Sa bravoure fait l'admiration et l'étonnement de ses ennemis; ce XVIIIème siècle enfin voit huit millions d'hommes lutter glorieusement depuis plusieurs années dans tous les points du Globe contre des puissances qui, réunies, ont cinq fois plus de masse, plus de ressourses physiques, et plus d'hommes que l'Angleterre! Que dis-je! Elle a à combattre ses chefs, ses partis, ses provinces, son ministère même, son prince peut-être! Sa constitution robuste, son énergie politique résiste à tout; et cette étonnante nation dans ses désastres même, semble s'ombrager encore des lauriers de la victoire."63

Quant à l'Italie, ce qui est curieux, c'est que Masson ne lui dédie que neuf pages, c'est à dire beaucoup moins qu'à l'Espagne, bien que ses sympathies soient au moins en proportion inverse. Cela s'explique soit par le fait qu'il se croyait mieux renseigné sur l'Espagne, ou parce qu'il éprouvait un grand plaisir à vider sa bile en parlant d'un pays qu'il aimait fort peu. Les autres articles importants de Masson, ceux qui traitent de la Chine et du Japon, n'ont que neuf et six pages respectivement, pleines d'une admiration assez naïve, il est vrai. Les articles sur la Bohme et sur la Pologne sont encore plus courts. Masson a beaucoup plus de mépris pour ces pays que pour l'Espagne, bien qu'il y croie voir l'aurore d'une époque plus heureuse. C'est ainsi qu'il exhorte les Polonais dans des termes qui sont bien de l'époque:

"O Polonais! Ayez le courage d'affranchir vos serfs, renoncez à l'orgueil des tyrans, faites plus encore, soyez hommes; vous n'en serez que plus riches, plus heureux, et les arts, les beaux-arts, enfants de la liberté, ne craindront pas de séjourner dans vos villes! Vous ne serez plus respectés par de vils esclaves qui vous détestent: mais vous serez aimés par des hommes libres, auxquels rien ne pourra arracher l'admiration de votre mérite personnel, et de vos vertus!"64

L'article "Espagne" se trouve dans le premier des trois volumes; il commence à la page 554, colonne deux, et il finit à la page 568, colonne deux. Masson indique d'abord la situation géographique de l'Espagne, puis il en résume l'histoire. Il cite longuement le Siècle de Louis XIV de Voltaire ("L'Espagne soumise tour-à-tour par les Carthaginois, par les Romains, par les Goths", etc). En général, ce résumé ne donne que des faits secs; Masson emprunte l'éloquence voltairienne pour condamner Phillipe II et Philippe III, tandis que d'autres monarques, même de Charles V, et de Phillipe IV, il ne dit presque rien. Il cite ensuite un passage de Montesquieu (sans le nommer, il le désigne comme "un de nos plus grands écrivains"), sur la décadence de l'Espagne, sur le commerce espagnol, et sur la possibilité d'une révolution en Amérique. Après quoi, il étend toutes grandes les ailes de son éloquence pour déplorer l'ineptitude du gouvernement espagnol, cause de la décadence de l'Espagne. Il décrit la fertilité dont l'Espagne a été bénie, malgré la sécheresse de la meseta. Cette sécheresse est en partie compensée par la richesse des sources thermales et l'existence de grands fleuves, que Masson énumère et décrit. La pêche est abondante sur les côtes, mais on la néglige par crainte des corsaires barbaresques. Notre géographe nous donne ensuite une analyse longue mais assez peu solide des causes du dépeuplement de l'Espagne; il en voit huit. Il fournit ensuite des statistiques sur les villes, les églises, les couvents, et autres institutions religieuses de l'Espagne; tout cela se termine par des louanges de la politique anticléricale suivie par le gouvernement des Bourbons. Le luxe, voire même toute l'architecture des églises espagnoles, sont durement et injustement critiquées. Et notre anticlérical de se gausser du nombre des saints espagnols. C'est maintenant le tour de l'inquisition qui, comme d'habitude, doit essuyer une bordée formidable de critiques. Masson croyait cette institution à l'agonie, mais l'affaire Olavide a tout remis en doute; est-ce un râlement, ou est-ce que le monstre sévit encore? Après cette attaque serrée contre le Second Etat, qui en Espagne est de fait le Premier, Masson se contente de décrire la noblesse d'Espagne et l'étiquette de la Cour; il énumère les ordres militaires. Pour la langue espagnole et pour beaucoup de traits du caractère espagnol, notre français a une grande admiration. Suit le fameux passage où Masson déclare son mépris pour la science espagnole, et où se trouvent les phrases qui ont formé pour ainsi dire le noyau autour duquel s'est concrété toute cette polémique:

"Aujourd'hui le Danemark, la Sude, la Russie, la Pologne même, l'Allemagne, l'Italie, l'Angleterre et la France, tous ces peuples ennemis, amis, rivaux, tous brûlent d'une généreuse émulation pour le progrès des sciences et des arts! Chacun médite des conquêtes qu'il doit partager avec les autres nations; chacun d'eux, jusqu'ici, a fait quelque découverte utile, qui a tourné au profit de l'humanité! Mais que doit on à l'Espagne? Et depuis deux siècles, depuis quatre, depuis dix, qu'a-t-elle fait pour l'Europe?"

Il faut remarquer que Masson ne parle, dans ce passage, que de la science, bien qu'il emploie deux ou trois fois le mot "art". Il ne rejette complètement que la science espagnole; mais dès le commencement de cette polémique, tous les détracteurs de Masson ont écrit comme s'il avait condamné l'ensemble de la culture et même de la civilisation espagnoles. Il est vrai que le reste du tableau peint par Masson n'est pas trop flatteur. Les universités espagnoles, poursuit-il, ne sont pas coupables; elles ne peuvent accomplir leur tâche, n'ayant pas de liberté. En effet, tandis que la science espagnole est fort pauvre, la littérature espagnole peut s'enorgueillir non seulement du Don Quichotte, mais aussi d'un théâtre fort riche. Tout cet argument s'achève sur une note nettement optimiste; l'avenir est plein de pRomesses: "Encore un effort; qui sait alors à quel point peut s'élever cette superbe nation?" Il faut avouer que l'article "Espagne" est assez mal construit; il ne semble pas y avoir de fil conducteur. Masson aurait dû finir sur ce ton conciliateur. En dépit de l'ordre, il procède à la critique des grands d'Espagne, et aussi des humbles, dont les défauts communs sont la morgue et la malpropreté. Masson ne réussit pas à effacer la mauvaise impression ainsi créée en distribuant des louanges aux femmes espagnoles, aux courses de taureaux, et à la peinture espagnole, qui cependant est inférieure à celle de l'Italie. L'article "Espagne" se termine par quelques renseignements divers.

Mariana n'était pas, comme on l'a prétendu, un érudit pur et simple, ou bien un béotien qui ne comprend que le progrès matériel. C'est un philosophe qui a sa philosophie. Malheureusement, il a pris ses idées un peu partout, c'est à dire chez des écrivains aussi disparates que Montesquieu, Voltaire et Rousseau. Le résultat est, pour employer l'expression de Faguet, "un chaos d'idées claires." Masson ne se déclare jamais clairement pour Rousseau et la nature, ou pour Voltaire et la civilisation: voilà la contradiction essentielle de toute sa pensée. Il semble cependant favoriser les qualités naturelles, dont la principale est la liberté, plutôt que le développement des facultés artistiques. C'est ainsi, par exemple, qu'il déclare son admiration profonde du peuple anglais, qui a toutes ces qualités naturelles bien qu'étant - et il exagère beaucoup - dépourvu totalement de facultés artistiques.

L'influence de Rousseau est visible jusque dans la phraséologie de Masson, qui dit, par exemple, en parlant de l'habitant des Indes, qu'il "aime la liberté, et partout il est dans les chaînes."65 Comme tous les disciples de Rousseau, il s'est mis à la recherche du "bon sauvage". Il partage la croyance, ou plutôt l'illusion de son époque, de l'avoir trouvé chez les , dont il parle d'une façon presque mystique:

"La science de la politique semblait avoir été révélée à ce peuple qui, quoique sans étude et séparé du reste des nations, connaissait leurs forces et leur faiblesse, ce qu'il pouvait en espérer, et ce qu'il en avait à craindre. Supérieur par ses lumières à tous les habitants du septentrion, il l'était encore plus par la vigueur du corps; un Huron n'avait d'autre intérêt à défendre que son indépendance, et il sacrifiait tout à cette idole chérie..."66

Il est vrai que les sont bien déchus de leur ancienne perfection; n'en accusons que les colonisateurs européens dépourvus de scrupules. Masson montre un esprit plus original lorsqu'il déclare son admiration pour les , en qui, plus encore que dans les , Masson Rousseauiste croit avoir rencontré le type parfait du "bon sauvage"; car ceux-ci n'ont pas été corrompus par le contact avec la civilisation:

"...ils n'aiment point les Turcs, et ne se fient jamais à eux, parce qu'ils en ont toujours été trompés et maltraités; malgré la différence de religion, ils en agissent fort bien avec les chrétiens. Naturellement graves, sérieux et modestes, ils font bon accueil à l'étranger; parlent peu, ne médisent point, ne rient jamais, et vivent en grande union...ces peuples n'ont ni médecin ni apothicaires, et ont tant d'aversion pour les lavements, qu'ils aimeraient mieux mourir que d'user de ce remède. Ils sont secs, robustes, et infatigables. Leurs femmes de distinction sont belles, bien faites, et fort blanches...A juger de ces peuples sur ce qu'on nous en raconte, il est à présumer que n'ayant ni médecins ni jurisconsultes ils n'ont guère d'autres lois que celles de l'équité naturelle, et guère d'autres maladies que la vieillesse. Ils sont bons, hospItaliers, et gardent fidèlement leur parole."67

Cependant, c'est à l'Amrique du Sud que Masson s'intéresse plus spécialement. Cela s'explique peut-être par ses lectures; il cite souvent les travaux du Père Louis Feuillet (qu'il écrit à tort Feuillée d'Ulloa), de l'abbé Raynald, de Amédée-François Frzier; cet intérêt est, somme toute, assez naturel chez un hispaniste. Il a une tendance à idéaliser, à tort selon nous, les indigènes de ce continent, notamment certaines tribus du Brsil:

"Les habitants du Brsil vont nus, et ne souffrent qu'avec impatience toute espèce de vêtements. Ils sont robustes, guerriers, toujours gais, peu sujets aux maladies, et vivent fort longtemps; il n'y a guère de peuples où les centenaires soient en aussi grand nombre...On ne leur connaît ni temples, ni religion...à l'exception de quelques sociétés particulières, connues par leur cruauté féroce, les habitants du Brsil sont de toutes les nations celle qui exerce l'hospitabilité avec le plus de grandeur d'âme".68

Il est vrai que Masson nous donne un tableau très haut en couleurs des moeurs sanguinaires de ces tribus antropophages, mais il préfère infiniment cet état naturel à l'amollissement abruti des Pruviens. Il est curieux en effet de noter que ce disciple de Rousseau est fanatique de l'état naturel au point de voir d'un très bon oeil (à condition qu'elles viennent du peuple et non pas d'une tyrannie) des manifestations qu'un Voltaire dénommerait barbares. Il est ainsi enthousiasmé par les combats de taureaux.69 Il évite avec soin l'erreur de beaucoup d'écrivains français et espagnols, qui fut de chercher dans l'Amrique du Sud les traces d'une civilisation fort dévelopée, recherche dont la légende de l'Eldorado n'est qu'une manifestation:

"Il faut mettre au rang des mensonges historiques cette législation admirable des anciens Incas, cette succession de souverains si sages, cette population si immense, ce nombre prodigieux de villes magnifiques, ces palais majestueux, ces temples superbes élevés au soleil, etc...On voit au contraire par ce qui est échappé au génie destructeur des conquérants, que ces palais n'étaient que des masses informes de pierres brutes, assemblées sans art et sans goût."70

Pour Masson donc ces prétendues civilisations sud-américaines n'étaient que des tyrannies honteuses. Ce qui l'intéresse, ce sont les indigènes dans leur état primitif. En parlant de l'Amrique du Sud, notre hispanophobe soutient toujours une thèse fort simple, et qui n'a même pas le mérite d'être originale puisqu'il l'a prise à l'Abbé Raynal; que les indigènes de ce continent sont malgré tout bons, mais qu'ils ont été trompés et corrompus par les Espagnols et par les Portugais. Masson parle, bien entendu, de l'Espagne des Hapsbourg. Quant aux Bourbons, c'est autre chose; ils font de grands efforts pour racheter les crimes de leur prédécesseurs. On soupçonne quelquefois qu'un chauvinisme inconscient inspire ces philosophes qui se croient au-dessus des préjugés nationaux.

Les indigènes de l'Amrique du Sud jouissaient d'une santé sans pareille; nous l'avons vu à propos du Brsil. Les Espagnols ont porté au Nouveau Monde les produits honteux de notre civilisation, qui ont été nefastes, on peut même dire, funestes. Masson dit, en parlant du Chili:

"On leur a porté de l'eau de vie et des liqueurs fortes, que ces Indiens aiment avec passion; on a cherché, par un infâme intérêt, à leur ruiner la santé, à corrompre leurs moeurs, plutôt que de mettre à profit leur industrie, et d'en faire une nation heureuse et policée. Les Espagnols se sont aperçus trop tard combien ils avaient eu tort d'énerver cette nation par ce honteux commerce; et par une loi qu'on ne peut trop louer il est défendu aujourd'hui de leur vendre des vins et de l'eau de vie; ils n'en ont vécu que plus tranquilles avec ces Indiens, et le commerce en est devenu plus florissant".71(Cette loi était de 1771).

Ces indigènes sont, malgré leurs habitudes sanguinaires, bons et fort accueillants. Ils ne connaissent pas la ruse. Or les Espagnols et les Portugais les ont trompés systématiquement, et ont ainsi éveillé chez eux des sentiments de haine et de méfiance. Leur innocence naturelle a été corrompue. Masson fait une attaque sanglante contre l'action des Portugais au Brsil (remarquons qu'en ceci, comme en tout, les écrivains du 18ème siècle ne font guère de distinctions entre l'Espagne et le Portugal):

"Les Portugais emploient toutes sortes de moyens pour les tromper. Leur intérêt n'avait de sacré que l'or, et pour se le procurer, le meurtre, la trahison, les pièges de tous les genres ont été mis en usage; les serments les plus augustes violés, les traités les plus saints rompus; ils ne rougissaient pas de prendre des robes de missionaires, sous lesquelles ils cachaient des armes, et, abusant de la confiance que les Bresiliens accordaient à ces hommes apostoliques, qu'ils appelaient leurs amis, leurs pères, ils ne rougissaient pas, dis-je, ces Européens avides, des les attirer dans des lieux, où d'autres bandits étaient cachés; alors ils massacraient inhumainement tous ceux qui opposaient quelque résistance; les autres étaient faits esclaves; ils les chargeaient de chaînes pour soumettre ces hommes libres à des travaux opiniâtres, où l'excès et le désespoir leur faisaient bientôt trouver la mort. Il existe donc une haine invétérée entre ces Américains et leurs tyrans; et ces hommes si souvent trompés n'ont d'autre bonheur aujourd'hui que la vengeance: ils épient depuis longtemps l'occasion de surprendre les Portugais; ils portent partout le fer, la flamme, dévorent dans leurs horribles festins, ceux qu'ils ont fait prisonniers; et c'est ainsi que, par un intérêt malentendu, on s'est fait des ennemis dangereux et irréconciliables de ceux dont on pouvait se faire des alliés et des amis."72

Cest à dire, que si, quand ils le peuvent, les bons Brsiliens mangent des Portugais, ceux-ci sont eux-mêmes responsables. Les Espagnols nont pas mieux agi au Chili. Masson nous dit que:

"Les Indiens du Chili sont braves, entreprenants, audacieux. Ils ont assez de bonne foi, excepté avec les Espagnols, qu'ils regardent comme leurs tyrans, et contre lesquels ils emploient tour-à-tour et la ruse et la force."73

Les Indiens jouirent de leur indépendence naturelle, qu'ils défendaient énergiquement, jusqu'à ce que les Espagnols leur imposèrent un gouvernement corrompu, ou plutôt pourri: Masson ne peut parler de la ville de Lima sans revenir à la charge:

"Le roi d'Espagne y établit un vice-roi avec un pouvoir absolu, mais dont le gouvernement ne dure que sept ans; les autres charges se donnent, ou plutôt se vendent, pour un temps encore plus court, savoir pour cinq ans, pour trois ans. Cette politique, établie pour empêcher que les pourvus ne forment des partis contre un prince éloigné d'eux, est la principale cause du mauvais gouvernement de la colonie, de toutes sortes de déprédations, et du peu de profit qu'elle procure au roi; aucun des officiers ne se soucie du bien public."74

On sait que les hispanistes modernes, par exemple l'argentin Ricardo Levillier, par réaction contre la légende noire, tendent à idéaliser trop l'administration coloniale espagnole.

Les Indiens, nous dit Masson, jouissaient d'une liberté religieuse totale, puisqu'ils ne suivaient que la religion naturelle; plusieurs tribus n'avaient même pas de temples. Les Espagnols sont venus, et leur ont imposé un catholicisme dégénéré. Il explique ainsi l'abrutissement où se trouvent les Indiens du Prou:

"Ces chrétiens à moitié idolâtres ont reçu des moines Espagnols ce christianisme chargé de pratiques ridicules et superstitieuses. L'empire de ces moines y est universel; de là c'est un despotisme aussi favorable à la corruption des moeurs qu'à l'ignorance."

Dans ces attaques, très fréquentes à l'époque, contre la tyrannie des moines dans l'Amérique espagnole, nous voyons la source du célèbre poème de Victor Hugo "Les raisons du Momotombo". La légende noire, cultivée et perfectionée par les philosophes de la seconde moitié du 18ème siècle, a donc survécu sous la surface un siècle après ce bouillonnement de polémiques. On voudrait savoir ce que Masson pensait des Jsuites du Paraguay. Malheureusement c'est Robert qui a écrit l'article dédié à ce pays. Le bon collaborateur du fougueux Masson semble avoir vécu dans un état d'inquiétude perpétuelle à cause des explosions de celui-ci, qu'il cherche à atténuer par la douceur et le tact avec lequel il s'exprime quand il prend la parole. C'est ainsi qu'il dit des Jsuites du Paraguay:

"Il faut avouer que l'état de leurs peuplades d'Indiens est un chef d'oeuvre d'habileté, de politique, et qu'il est bien surprenant que des moines Européens eussent trouvé l'art de ramasser des hommes épars dans les bois, de les dérober à leur misère, de les former aux arts, de captiver leurs passions, et d'en faire un peuple soumis aux lois et à la police."76

Il va sans dire que l'idée de la liberté religieuse des Indiens comparée avec la tyrannie du catholicisme est une absurdité née de la légende du bon sauvage. Tous les lecteurs du Rameau d'Or, de James George Frazer, savent que les coutumes religieuses des sauvages sont d'une rigueur que nous pouvons difficilement concevoir.

En parlant de l'Espagne, Masson lui applique exactement la même théorie. L'Espagnol est dépeint comme un homme assez primitif; or cette qualité plaît à Masson, qui la loue avec chaleur:

"Laquelle des nations fut pourvue de plus de qualités morales et physiques; une âme noble et naturellement portée aux grandes choses, une imagination vaste, exaltée, et cette constitution physique qui fait des héros dans le crime comme dans la vertu! J'ajouterai de la sobriété, de la patience, de la bravoure, un amour des lois et de l'ordre; enfin cette stabilité de caractère qui fait les nations éternelles!"77

Il y aurait fort à dire sur la dernière phrase. Or si cette nation que la nature a douée si généreusement, est maintenant si misérable qu'"on n'ose porter les yeux sur elle sans une espèce de compassion", c'est qu'elle a été corrompue par son gouvernement.

"N'en accusons que le gouvernement; c'est lui qui, dans tous les pays, fait des guerriers, des savants, des cultivateurs, et des hommes! L'Espagnol, cette nation aujourd'hui paralysée, a besoin d'une grande secousse qui le tire de cette léthargie politique."78

Or, selon Masson, le gouvernement, c'est à dire la monarchie espagnole, n'est que le jouet de l'église catholique, dont notre anticlérical fait le bouc émissaire de tous les malheurs de l'Espagne. Pour prouver cette assertion, Masson raconte quelques histoires de la puissante monarchie autrichienne. Par exemple, une de ces histoires veut que Philippe III, en voyant deux Cordeliers qui chantaient des psaumes en allant au supplice que leur avait valu leurs opinions hérétiques, ait dit:

"Voilà deux hommes bien malheureux de mourir pour une chose dont ils sont persuadés! L'inquisition, nous dit l'histoire, en fut informée, et condamna le roi à perdre une palette de sang qui fut brûlé par la main du bourreau."79 (La palette était une vase qui servait à mesurer le sang d'une saignée).

Cest donc lEglise, et plus précisément linquisition qui constitue le vrai gouvernement de lEspagne. Masson explique la férocité de cette institution en rappelant la rivalité traditionelle entre Cordeliers et Dominicains. A Venise et dans la Toscane, linquisition était entre les mains des Cordeliers, qui étaient plutôt aimables, tandis quen Espagne elle était exercée par les Dominicains qui, "pour se distinguer dans cette odieuse commission, se sont portés à des excès inouis": et Masson de raconter toute la légende noire de l'inquisition espagnole.

Or dans toute le monde habité, Masson ne voit guère qu'un seul peuple qui, en se civilisant, ait réussi à conserver intacte la liberté naturelle de l'individu. Il s'agit bien entendu de l'Angleterre. Après plusieurs décénies, la philosophie de Montesquieu se retrouve presque sans changement; ce qui fait croire que le 18ème siècle, si fanatique du progrès, a fini par se regarder dans un miroir, ce qui l'a empêché de voir la route qui restait à faire.

"La monarchie la plus tempérée marche insensiblement vers le despotisme.

La démocratie n'offre qu'une administration orageuse.

L'aristocratie donne vingt, Trente, soixante tyrans au lieu d'un.

Or, un gouvernement qui réunit ces trois formes d'administration pour en faire un tout, et qui n'a pris dans chacune que ce qu'il y a de sage et d'utile; un gouvernement, où le monarque est, pour ainsi dire, enchaîné; ou le peuple ne peut suivre ses caprices bizarres; où les grands ne peuvent être tyrans, sera toujours le meilleur de tous, parce que sujet à moins d'abus, et ayant plus de moyens d'y remédier, il offrira à chacun des membres qui le composent, le plus précieux des biens possibles: je veux dire la liberté."80

Selon Masson, l'Angleterre a pu renfermer le principe de la liberté de l'homme dans une constitution solide grace à la politique "anticléricale", dont Masson sait gré à la nation protestante; c'est exactement le contraire qui se produit en Espagne. Le gouvernement anglais "a enlevé au clergé une opulence qui est toujours aussi déplacée qu'indécente; enfin, partout ailleurs un prêtre n'est qu'un prêtre; en Angleterre, un prêtre est un citoyen".

Or, pour Masson, la liberté est une condition sine qua non du progrès, voire même de l'existence des sciences et des arts. Il faut prendre garde à la confusion qui existe dans la terminologie de Masson, et jusqu'à un certain point dans sa pensée même; quand il parle d'"arts", il entend quelquefois les arts industriels et quelquefois les beaux-arts; nous verrons que, bien qu'il ne le dise pas, la conclusion logique de ses arguments est que les beaux-arts fleurissent plus heureusement sous une tyrannie.

Quant aux sciences et aux arts industriels, la thèse de Masson était facile à soutenir, ce qui ne veut pas dire qu'elle soit juste. Il voyait les sciences en plein épanouissement en Angleterre, tandis qu'en Espagne elles étaient presque mortes.

"Aucune nation n'a proposé des récompenses plus magnifiques, pour encourager le commerce, la navigation, les découvertes, les sciences et les arts; aucune n'a mieux su apprécier les dons du génie," dit-il de l'Angleterre."81

Tandis qu'en Espagne:

"Tout ouvrage étranger est arrêté; on lui fait son procès, il est jugé; s'il est plat et ridicule, comme il ne doit gâter que l'esprit, on le laisse entrer dans le royaume, et on peut débiter cette espèce de poison littéraire partout; si, au contraire, c'est un ouvrage savant, hardi, pensé, il est brûlé comme attentoire à la religion, aux moeurs et au bien de l'état; un livre imprimé en Espagne subit regulièrement six censures avant de pouvoir paraître au jour, et c'est un misérable Cordelier, c'est un barbare Dominicain qui doit permettre à un homme de lettres d'avoir du génie."82

Remarquons que par "homme de lettres", Masson veut dire plutôt un écrivain, un philosophe, même un homme de science; en somme, quelqu'un qui a écrit un ouvrage "savant, hardi, pensé". Masson n'a pas du tout le sens du "mot juste".

N'oublions pas que notre géographe vivait à l'époque des Chinoiseries. Il idéalise non seulement la Chine, mais aussi, ce qui était plus rare, le Japon. Ces civilisations très anciennes, berceau des sciences et des arts industriels, ont pu fleurir, ainsi l'affirme-t-il, grâce à la liberté dont jouissaient les deux peuples. Ce sont les missionnaires chrétiens qui, par leur ambition et par leur avarice, ont porté une perturbation profonde au sein de ces peuples qui vivaient heureux et paisibles avant leur intervention. L'article "Japon" contient de nouvelles, ou plutôt les anciennes invectives contre l'"infâme".

Quant aux beaux-arts, la pensée de Masson est d'une confusion lamentable. Il n'énonce pas clairement de théorie à leur égard; au contraire, il semble plutôt les considérer comme soumises aux mêmes lois que la science et les arts industriels. Il n'en parle pas beaucoup, peut-être parce qu'il ne s'y intéressait pas trop, et ce qu'il en dit mène inévitablement à la conclusion qu'il n'y a pas de rapport entre la liberté et les beaux-arts. Masson est un anglophile fanatique, ce qui ne l'empêche pas de condamner presque en bloc tous les beaux-arts anglais. Il ose même dire, "on ne connaît pas dans toute l'Angleterre un seul monument qu'on puisse citer comme un modèle."83 On voit que l'intérêt que commençait à éveiller l'architecture gothique n'avait pas pu faire d'impression sur le classicisme endurci de ce fanatique du progrès, qui avait plusieurs décennies de retard dans sa façon de penser. En parlant de l'Italie, il tombe dans la même contradiction, mais de la manière inverse. Il lui faudrait l'éloquence de Victor Hugo pour dire tout le mal qu'il pense de la Papauté; avant celui-ci, il avait déjà mis le Pape dans son enfer. Ce qui ne l'empêche pas d'être plein d'admiration pour le siècle de Lon X, et de regarder l'Italie comme le berceau de l'art moderne.

"Nous devons [la] chérir pour avoir été le berceau des arts et des sciences, après tant de siècles de barbarie, et pour avoir eu la gloire, comme autrefois l'ancienne Grèce, de les avoir cultivés sans altération pendant le 17ème siècle, tandis que les armées de Charles V saccageaient Rome, que Barberousse ravageait côtes... Le siècle de Lon X sera donc à jamais célèbre."84

Cette contradiction est importante. Les idées de Masson sur les rapports entre la liberté, le despotisme, les arts, les arts industriels, la science, la pensée, et les belles lettres sont très confuses. Il aurait dû les exprimer avec infiniment plus de précision. Soyons cependant juste: il en est ainsi avec la plupart des philosophes littéraires du 18ème siècle.

Voilà donc ce Masson, si fameux mais si inconnu.

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Notes

51Encyclopédie Méthodique, séction "Géographie Moderne", T. I, p. 565, col. 1.

52Battaglie e Sorgenti di Idee, Milan, 1928, p. 99.

53"M. Masson", Bulletin Hispanique, Avril-Juin, 1922, Tome XXIV, No. 2., p. 120.

54Battaglie e Sorgenti di Idee, p. 91.

55J. J-A Bertrand, "M. Masson", p. 120.

56Luigo Sorrento nous a donné un bon résumé de la genèse de cette encyclopédie (Battaglie e Sorgenti di Idee, pp. 89-90).

57II, p. 611, col. 1.

58III, p. 336, col. 2.

59Article, "Espagne", p. 568, col. 1.

60id., p. 556, col. 2.

61id., p. 567, col. 2.

62Article, "Angleterre", p. 111, col. 1.

63Article, "Angleterre", p. 112, col. 2.

64Article, "Pologne", p. 655, col. 1.

65Article, "Inde", p. 63, col. 2.

66Article, "Canada", p. 364, col. 2.

67Article, "Bédouins", p. 253, col. 2.

68Article, "Brésil", p. 320, cols. 1-2.

69Article, "Espagne", p. 567, col 1. - 568, col. 1.

70Article, "Pérou", p. 610, col. 1.

71Article, "Chili", p. 426, col. 1.

72Article, "Brésil", pp 319, col. 2. - 320, col. 1.

73Article, "Chili", p. 426, col. 1.

74Article, "Lima", p. 203, col. 1.

75Article, "Pérou", p. 610, col. 2.

76Article, "Paraguay", p. 558, col. 1.

77Article, "Espagne", p. 556. col. 2.

78Article, "Espagne", p. 556, col. 1.

79Article, "Espagne", p. 562, col. 1.

80Article, "Angleterre", p. 110, col. 2.

81Article, "Angleterre", p. 111, col. 2.

82Article, "Espagne", p. 565.

83Article, "Angleterre", p. 116, co. 2.

84Article, "Italie", p. 95, col. 2.


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