The Historical Text Archive: Electronic History Resources, online since 1990 Bringing you digitized history, primary and secondary sources
 
HTA Home Page | E-books | Europe | Le Cervantisme Anglais au 18eme Siecle

6: Le Cervantisme Anglais au 18eme Siecle

<< 5: Giuseppe Marc Antonio Bartlett || 7: Un Duel entre Hispanophiles: Baretti et John Bowles >>


A aucune époque le Cervantisme anglais n'a fait autant de progrès qu'au 18ème siècle. Surtout, les traductions abondaient. Un Anglais, Thomas Shelton, avait, en 1612, publié, à Londres, la première traduction en n'importe quelle langue de la première partie de Don Quichotte. Sa version des deux parties fut réimprimée en 1725, 1733, et en 1740. Le pionnier de l'hispanisme anglais, John Stevens, ou Stephens (mort en 1726), un catholique probablement d'origine irlandaise, traducteur infatigable d'oeuvres espagnoles et Portugaises, surtout de Quevedo, de Mariana et de Sandoval, publia en 1700 une version modifiée de la traduction de Shelton. Cette version fut réimprimée en 1706.

En 1700 également, une nouvelle traduction anglaise fut publiée par un Normand de Rouen, Pierre Antoine Motteux (1660-1718), qui s'était réfugié en Angleterre lors de la révocation de l'édit de Nantes (1685). Il domina bientôt l'anglais à tel point qu'il se mit à publier sans interruption des versions anglaises d'oeuvres étrangères et même des oeuvres anglaises originales. Pour sa version de Don Quichotte il fut aidé par d'autres traducteurs, notamment par John Ozell (mort en 1743), l'ennemi de Pope, et l'auteur de la traduction anglaise (1738) de la Vie de Cervantès par Mayans y Siscar. La version de Motteux est basée sur celle de Shelton, contrôlée constamment par la traduction française de Filleau de Saint-Martin. Elle contenait la première esquisse biographique de Cervantes. Elle eut une dizaine d'éditions au cours du 18ème siècle. En 1822 une nouvelle édition parut, avec l'attrait additionnel d'une préface excellente de la main de John Gibson Lockhart, le gendre et le biographe de Scott, qui a cultivé les études allemandes et espagnoles. Son étude sur Cervantes valut à la traduction de Motteux d'être pendant le siècle dernier republiée cinq ou six fois.

Un peintre d'origine irlandaise, Charles Jervas (ou Jarvis), qui jouit de beaucoup de succès mais d'une renommée fort éphémère, voulut justifier sa décision d'écrire une nouvelle traduction du Quichotte en accusant dans sa Préface, à tort, le premier des traducteurs anglais, Thomas Shelton, de s'être servi de la version Italienne de Franciosini. Lorsque la traduction de Jervas parut en 1742, trois ans après la mort du traducteur, son ami intime, Pope, déclara, on ne sait pourquoi, que Jervas ignorait complètement l'espagnol, et n'avait donc pas pu étudier l'oeuvre originale. Les critiques sont divisés; H.E. Watts prétend 108 que Jervas n'a fait que réviser la traduction de Shelton, en substituant au langage pittoresque du 17ème siècle celui plus régulier et plus fade du 18ème. John Ormsby 109 défend Jervas, à qui il attribue une connaissance de l'espagnol bien plus profonde que celle de Shelton. Warburton contribua à l'édition de Jervas une préface sur la chevalerie et sur les romances, John Vanderbank une série de gravures. Elle contient d'autre part la traduction faire par Ozell de la Vie de Cervantes écrite par Mayans y Siscar pour l'édition espagnole de Londres de 1738. La version de Jervas eut quatre ou cinq éditions au cours du 18ème siècle.

Elle servit de base à la traduction de Smollett, qui parut en 1755, dédiée à "Don Ricardo Wall". Malgré ses prétentions, Smollett n'était pas très fort en espagnol, ainsi que l'insinua l'auteur de la Letter from a Gentleman in the Country to his Friend in Town (Londres, 1755). Lord Woodhouselee, dans son Essay on Translation (1813), déclara que la traduction de Smollett n'était qu'une refonte de celle de Jervas. Les critiques modernes confirment ce jugement. 110 Cependant il faut savoir gré à Smollett de sa préface, car le premier il découvrit que Cervantes était originaire d'Alcalá. Sa traduction eut un gros succès; une dizaine d'éditions parurent au cours d'un demi-siècle.

Voilà les quatre principales traductions anglaises du Quichotte - celles de Shelton, de Motteux, de Jervas, et de Smollett - qui s'imposèrent pendant le dix-huitième siècle. En même temps parurent d'autres traductions moins connues, et des adaptations humoristiques, quelquefois en vers, ainsi le poème d'Edward Ward, The Life and Notable Adventures of that Renowned Knight Don Quixote (Londres, 1711). Ces adaptations, surtout burlesques, que nous nous dispensons d'enumérer, prouvent que l'intérêt en Angleterre pour le chef d'oeuvre de Cervantes était surtout littéraire et linguistique, sans l'interprétation philosophique et politique à laquelle, comme nous le verrons, la critique française le soumit.

Chose étonnnante, la première édition soignée du texte original, c'est à dire espagnol, parut, non pas en Espagne, où ne circulaient que de piètres réimpressions, mais en Angleterre. Elle fut faite sous les auspices de l'homme politique Lord Carteret, grand mécène des littérateurs. Elle parut chez Jacob Tonson, le plus célèbre peut-être des éditeurs de Londres. Elle fut revue par un Espagnol établi à Londres, Pedro Pineda, que ses éditions d'oeuvres classiques espagnoles, notamment des Novelas Ejemplares, n'ont pu sauver de l'oubli. Pineda n'est point nommé, il est vrai, dans l'édition de Londres, mais, dans son livre Fortuna de Amor, il affirme en avoir fait le révision. Ce fut pour cette édition que Gregorio Mayans y Siscar, à l'époque Bibliothécaire du Roi d'Espagne, écrivit sa célèbre Vida de Miguel de Cervantes Saavedra, publiée dans le premier volume avec un frontispice daté 1737, tandis que le volume lui-même est daté 1738. La base de cette édition semble avoir été les réimpressions de Bruxelles de 1607 et de 1611.

La publication à Londres dun Don Quichotte en espagnol fournit une nouvelle preuve de la nature purement littéraire, linguistique, et érudite du cervantisme anglais au 18ème siècle. Il avait bien provoqué, comme tout mouvement littéraire, quelques petites querelles, mais pouvait-on prévoir quil allait sachever dans une polémique contemporaine de celle de Mariana, quelle vient rejoindre, tout en gardant un caractère spécial? Cest cependant ce qui arriva à propos de la seconde édition espagnole du Quichotte, publiée en Angleterre, due au célèbre cervantiste John Bowle.

Le Reverend John Bowle 111 (1725-1788)

John Bowle, né en 1725, descendait du John Bowle, évêque de Rochester, mort presque un siècle auparavant, et qui avait eu maille à partir avec l'archevêque Laud. Notre John fit ses études à Oriel College, Oxford. En 1776 il fut élu Fellow of the Society of Antiquities, et il contribua à Archaeologia, qui est la revue publiée par cette société, plusieurs études sur les sujets les plus divers tels que: la prononciation de l'ancien français (VI, p. 76); quelques instruments musicaux nommés dans le Roman de la Rose (VII, p. 114); les registres paroissiaux (VIII, p. 67); les cartes à jouer (VIII, p. 147). Parmi ses autres activités littéraires, la plus célèbre fut sa dénonciation du latiniste écossais Lauder, dont il découvrit, avant Douglas, les supercheries. On voit qu'il n'était rien moins qu'un simple hispaniste, et que si ses amis l'appelait 'Don Bowle' (et prouvaient ainsi leur méconnaissance de l'usage espagnol), c'était tout simplement à cause de ses études de Don Quichotte (où l'usage de 'don' est aussi un peu étrange), car on ne lui connaît pas d'autres activités hispanisantes. Bowle, entré dans l'église anglicane, était devenu pasteur du village d'Idmiston, dans le Wiltshire. Dans cette solitude, l'examen scrupuleux d'un texte célèbre comme celui du Quichotte était le travail le plus commode à faire. D'autre part, son ami Percy, l'éditeur des Reliques, lui avait inspiré un amour de l'ancienne poésie anglaise, dont il publia, en 1765, un recueil. Ceci le conduisit à s'intéresser à la littérature ancienne de France, d'Italie, et d'Espagne, à s'en faire une bibliothèque prêtée en partie par Percy, et à y chercher les sources du texte qu'il etudiait. Dans les limites données, le sujet de Bowle était tont indiqué. Mais quelles limites! Ayant appris l'espagnol en Angleterre, sans avoir jamais fait de voyage en Espagne, incapable donc de parler cette langue; vivant dans un village, loin des grandes bibliothèques et des cercles littéraires de l'Angleterre et à plus forte raison de l'Espagne; Bowle voulait faire ce que même les érudits madrilènes n'avaient pas entrepris - une édition critique de Don Quichotte! Et à force de volonté et de patience, notre curé de village a conduit à si bonne fin son projet, qu'aujourd'hui les hispanistes considèrent que son édition marque une étape décisive dans les études du "chef d'oeuvre" de Cervantes.

Le Révérend John Bowle exposa son projet dans sa Letter to the Reverend Doctor Percy concerning a new and classical edition of Historia del Valeroso Cavallero Don Quixote de la Mancha, qui parut à Londres, chez B. White, en 1777 (p. 67). Remarquons que cette nouvelle édition sera classique ("classical"). Bowle veut dire, ainsi qu'il l'explique dans les premières pages de sa Lettre, qu'il va appliquer à ce chef d'oeuvre moderne la méthode critique qui jusqu'ici avait été réservée aux ouvrages classiques, c'est à dire anciens. Cette idée, toute naturelle d'ailleurs chez un érudit comme Bowle, lui aurait été suggérée par l'avertissement de Tirant lo Blanc 112 , dont il cite, sur le frontispice de sa lettre, les phrases suivantes:

"MIGUEL DE CERVANTES mérite quelque distinction. S'il avait eu l'honneur d'être un Ancien et que son ouvrage eût été écrit en grec ou seulement en latin, il y a déjà longtemps qu'il aurait déjà eu des scholiastes et même des commentateurs en forme."

Bowle montre ensuite l'utilité d'un tel commentaire. En comparant les règles de la chevalerie, étudiées par la Curne de Sainte Pelaye et ses confrères, avec l'idée que Don Quichotte avait d'elles, on comprend, dit Bowle, beaucoup mieux la satire de Cervantes. Ou bien, une étude précise des anciennes chroniques et des livres de chevalerie révélera dans les détails du Quichotte une imitation très frappante et une satire plus précise. Enfin on peut trouver chez Cervantes des allusions aux évènements de son temps. Quant au commentaire du lexique, Bowle dit que pour le comprendre il faut se servir du dictionnaire de Covarrubias. Bowle profite de cette occasion pour affirmer que "Baretti's account of it, and of Spanish Literature [in] general, is egregoriously defective and erroneous" (p. 24). Il est évident que ces deux hispanistes se haïssaient déjà en 1777.

Ayant prouvé donc la nécessité d'un commentaire du Quichotte, Bowle doit expliquer pourquoi, après la belle édition espagnole publiée à Londres en 1738, il en fallait encore une. Bowle dit (pp. 26 ss.) que cette édition est assez bonne, mais que l'éditeur a reproduit aveuglément toutes les fautes des éditions antérieures. Bowle assomme de critiques l'éditeur de l'édition de 1738, Pineda 113 , et dit que la préparation de cette édition était "a business for which he appears to have been every way unqualified" (p. 26). Pour établir son texte, Bowle s'est servi de l'édition de 1605 de la première partie, et de celle de 1615 de la seconde, toutes deux parues chez Juan de la Cuesta. Bowle confesse qu'il n'a vu aucune des autres éditions primitives, et qu'il serait très heureux de les consulter. Après avoir décrit son système d'indices, Bowle termine en expliquant longuement les efforts qu'il a mis dans ce travail pénible, et insinue que le monde est bien ingrat s'il n'apprécie pas cet effort qui marque une étape dans l'histoire du cervantisme. Cette défense, ces protestations, nous font croire que même avant la publication de son édition du Quichotte, Bowle était l'objet de critiques adverses, peut-être déjà de la part de Baretti. Dans un "postscript", Bowle émet, avec des raison fantastiques, sa théorie que Don Quichotte est une satire de Saint Ignace de Loyola. C'était une idée très fréquente au 18ème siècle, surtout en France 114 . A la tête de cette "Lettre" à Dr. Percy se trouve une carte d'Espagne, "acomodada à la Historia de Don Quijote", et qui semble être l'oeuvre de Bowle lui-même. C'est une monstruosité. Le Tage passe au nord de la Sierra de Guadarrama, Ségovia se trouve sur le Jarama, tandis que Tolde et Aranjuez ne sont baignés d'aucune rivière. Castille la Vieille se trouve à l'ouest de la Peña de Francia. Des fautes semblables abondent sur cette carte. Les critiques ont dû en faire l'observation d'une façon désagréable, car Bowle s'en est excusé dans le "Prólogo" de son Commentaire (p. xiii), et il a changé considérablement la carte définitive qui est parue en tête du premier volume de son Quichotte. Celle-ci reste, malgré toutes ces corrections, fort imparfaite. L'Alcarria se trouve au sud de Tolde, au lieu d'au nord de Cuenca. Baeza et Ubeda sont placés à l'est au lieu d'au nord de Grenade. Chose étonnante, ces corrections, comme nous le verrons, auraient été faites par le grand géographe Tomás Lpez. Il est en tout cas assez évident que Bowle n'a pas vu, par exemple, la belle carte de la Péninsule publiée à Londres, chez Robert Sayer, en 1772. Il faut en faire le reproche à cet hispaniste qui se vante de son activité presque surhumaine.

Percy lui-même était sans doute depuis une dizaine d'années au courant des projets que Bowle exposait dans cette lettre; notre hispaniste déclare, dans le "Prólogo" de son Commentaire du Quichotte (p. iii), qu'il avait fait ses recherches sur les romans de chevalerie de 1769 à 1776, et ailleurs (p. xi) il dit que celui qui l'encouragea le plus fut Percy; il lui prêta tous les livres de chevalerie qu'il possédait et lui fit prêter par Thomas Tyrwhitt un exemplaire du Cancionero de Anvers. Bowle avait, sans doute pendant ces années, tenu son ami dans ses lettres au courant de ses recherches, de sorte que la Letter to the Reverend Doctor Percy était adressée à tout le monde excepté à Percy, qui n'y aurait rien appris.

Un résultat très heureux de la publication de cette "Lettre au Dr. Percy" fut qu'un hispaniste dont nous nous occupons ailleurs, et qui personnellement ne connaissait pas Bowle, lui écrivit d'Italie pour lui offrir son aide. Dans une lettre du 2 mars, 1778, addressée au "Rev. Mr. Powel", Bowle exprime la joie que lui causa la réception des lettres de Sir John Talbot Dillon:

"Good luck has thrown in my way an unknown ingenious and desirable correspondent, from whom I have received two most valuable letters, the one from Rome, the other from LegHorn, and I am in daily expectance of another. He has gone in my track before me, and freely offers me every assistance in his power, and indeed much may be derived from it: he has been very open in the account of himself, and is a Mr. Dillon. In his second letter he says, 'I rejoice to see the admired Cervantes [e]merge again from oblivion, in his own language, and receive additional lustre from a British pen.'" 115

Les derniers mots sont typiques de l'espèce d'amour propre national qu'il y avait parmi les érudits soi-disant cosmopolites du 18ème siècle. On comprend que les Espagnols, tout en affectant de la gratitude, aient accueilli l'édition de Bowle avec une jalousie ou avec une honte déguisées.

Dans la Préface de son Commentaire au Quichotte (pp. xi ss.), Bowle exprime de nouveau sa gratitude à Dillon. Celui-ci lui aurait écrit pour la première fois en octobre, 1777. Puis, dans son Travels Through Spain, paru en 1780, il annonça en termes enthousiastes l'oeuvre que Bowle préparait:

"Besides the advantage of having a more perfect and accurate text than has ever yet appeared, this is a work of such magnitude as will reflect infinite honour on the erudition and taste of the ingenious editor; how singular a pleasure to the admirers of Cervantes in general! how great the surprise to the Spaniards! when they behold one of their favourite characters so nobly emblazoned by an Englishman" (Letter II, note).

Nous remarquons ici de nouveau l'amour-propre national qui empoisonne même l´érudition du 18ème siècle. L'accueil chaleureux prévu par Dillon pour l'édition de Bowle ne devait d'ailleurs se réaliser qu'à moitié.

En 1778, Dillon visita, à Valence, Don Gregorio Mayans y Siscar, que les contemporains considéraient comme le plus grand des littérateurs espagnols, et qui avait écrit sa "Vida de Cervantes" pour l'édition espagnole de Londres de 1738. Il aurait dit à Dillon que "tenía vergüenza por su Nacion en ver semejante empresa ejecutada por un Extranjero".

Les réactions de Juan Antonio Pellicer y Sanforcada, à qui Dillon communiqua également les projets de Bowle, furent les mêmes. Il envoya à Bowles le premier pli de ses Noticias para la Vida de Miguel de Cervantes Saavedra, en pRomettant de lui remettre le livre complet dès qu'il paraîtrait. Dans la lettre qui accompagnait ce pli, et que Bowle cite en entier (pp. xii-xiii), Pellicer parle de l'édition que préparait l'hispaniste anglais avec un enthousiasme qui contraste désagréablement avec les louanges tièdes, négatives presque, qu'il lui accordera dans la préface de son édition du Quichotte de 1797, après la mort de Bowle. La note de l'envie se fait sentir cependant déjà dans cette lettre du 20 juillet, 1778:

"tacitamente nos acusará de que hayamos los Españoles dado lugar para que los estranjeros vengan a cultivar nuestra heredad, y a trabajar nuestra viña."

En plus de ces activités diplomatiques, Dillon aurait fait des recherches lui-même, et expliqué de façon heureuse plusieurs passages obscurs de Don Quichotte.

Un autre ami, que Bowle ne nomme pas, lui envoya à la fin de 1778 un exemplaire apparamment manuscrit de la "Noticia de la verdadera patria (Alcalá) de Miguel de Cervantes", par Martín Sarmiento.

Bowle fit lui-même à Londres la connaissance d'un érudit espagnol, Casimiro de Ortega, avec qui il passa à Londres "le jour le plus agréable de ma vie", qu'il faudrait señalar con piedra blanca 116 . Ces expressions sont singulièrement fortes. Ortega retourna à Madrid et écrivit à un ami espagnol de Londres une lettre dont Bowle reproduit un passage:

"Ha pareCido aquí grandemente el prospectus de la nueva edición por nuestro Rev. Bowle, y lisonjeado el gusto de todos los eruditos, y singulamente de la Academia de la Lengua Castellana la idea original de imprimir la obra de Cervantes con todos los honores de un Autor Clásico. Ha tomado nuestro amigo el verdadero camino de interpretar, y facilitar la inteligencia de los pasajes obscuros. Yo me intereso por el mismo en sus lucimientos; he consultado sobre el mapa al mejor Geógrafo que aqui tenemos."

Nous soupçonnons qu'Ortega, de même que Pellicer dans sa lettre à Bowle, parle avec une hypocrisie consciente ou inconsciente. Les Espagnols se croyaient obligés de louer la tâche de Bowle, surtout en s'adressant à lui, mais en réalité ils en étaient jaloux. Comment l'Académie Espagnole pouvait-elle être enthousiasmée, comme l'affirme Ortega, par la publication en Angleterre d'une belle édition du Quichotte qui paraîtrait presque en même temps que la sienne, la première entreprise par l'Académie Espagnole, et qui lui serait supérieure? Becker prétend, peut-être avec raison, que la jalousie poussa lAcadémie à précipiter la publication de son édition, qui parut enfin quelques mois avant celle de Bowle. Enfin, Ortega affirme quil a fait réviser la carte dEspagne par le meilleur géographe espagnol, cest à dire, selon Bowle, par Tomás Lpez. Or, malgré cette révision, des endroits fort connus, comme lAlcarria, Baeza, Ubeda, Elche, etc., sont restés dans des emplacements fantastiques. Il faut en conclure que Lpez, jaloux de la science anglaise, a renvoyé la carte avec des corrections fort sommaires, en disant, plus ou moins conscient du mensonge, que tout y était bien maintenant.

On a limpression que tous ces Espagnols parlaient et agissaient avec une amabilité fausse et hypocrite. Malheureusement le bon Bowle a avalé tous ces compliments comme de leau claire. La pierre de touche, ce seront les commentaires, que nous citerons plus tard, qui nont pas été adressés à Bowle, et où lhypocrisie de la politesse na pas rendu nécessaires les éloges.

Peu après la publication de la Lettre, Bowle fit circuler des prospectus pour les abonnements à son édition de Quichotte. Les exemplaires de ce prospectus sont presque introuvables, mais nous avons au commencement du premier volume une chose infiniment plus utile: une liste des souscripteurs. En tête figurent les noms des Espagnols qui, inspirés par cette bienveillance assez équivoque dont nous avons parlé, et encore plus par une curiosité toute naturelle, ont souscrit à lédition de Bowle. Ce sont lAcadémie de lHistoire (non pas celle de la Langue!) à Madrid, Don Casimiro Lpez Ortega, Don Pedro Rodríguez Campomanes, Don Tomás Lpez, et enfin le libraire Don Antonio de Sancha, qui avait demandé quatre exemplaires, sans doute pour la vente. Cette demande ne fut surpassée que par John Crookshank, qui témoigna de son admiration pour Bowle en prenant cinq exemplaires. Ce Crookshank sera très en évidence dans la querelle Bowle-Baretti, dans laquelle il rompra avec le premier et prendra le parti du second. Il semblerait aussi que Bowle était soutenu par lUniversité de Cambridge, dont cinq bibliothèques ont souscrit, tandis quaucune bibliothèque dOxford, lalma mater de Bowle, ne la fait. LUniversité dOxford semble avoir été indifférente, ou même hostile, aux efforts de son illustre fils. 117

Dans le Gentlemans Magazine de janvier, 1781, (vol. L1, pp. 22-4), Bowle publia un long récit de la vie de Cervantes, basé sur létude de Pellicer y Saforcada, qui lui avait envoyé, ainsi que nous lavons raconté, dabord le premier pli, puis le volume complet de son Ensayo de una Biblioteca de Traductores Españoles. Preceden varias noticias literarias (entre ellas las de Cervantes) (Madrid, 1778). Cette lettre est plus riche et plus détaillée que la vie de Cervantes publiée par Bowle dans son édition de Quichotte, qui parut quelques mois après. On ne comprend pas pourquoi Bowle a agi de cette façon, à moins que ce ne fût pour se donner une réclame gratuite dans le Gentlemans Magazine.

Lédition si attendue de Don Quichotte parut enfin en 1781, à Salisbury, chez Edward Easton: six beaux volumes in 4, dont quatre de texte et deux de commentaire. Le premier volume du commentaire contient les Remarques, et le second les Indices - indice des noms propres, indice des mots, indice des variantes. Le texte est le plus souvent relié en deux volumes, tout le Commentaire en un seul. Il ne nous incombe pas ici de critiquer la valeur de lédition de Bowle. 118 Ce qui nous intéresse surtout, c'est le "Prólogo" qui se trouve en tête du commentaire. Bowle y cite des passages de Sarmiento et de Pellicer, pour prouver que ces deux érudits avaient prévu la nécessité de la tâche entreprise par lui. Il ne faisait donc que remplir leurs voeux. Bowle raconte ensuite la vie de Cervantes et énumère les éditions du Quichotte. Il exprime sa gratitude à Percy, à John Talbot Dillon, à Pellicer y Saforcada, à Casimiro d'Ortega. (Nous avons déjà cité longuement ce passage). Bowle termine son Prólogo en citant ce que dit Alonso de Villadiego dans son édition du Fuero Juzgo. Ce passage qu'il avait déjà cité à la fin de sa lettre à Percy, revient à dire qu'il a travaillé comme une bête de somme à la préparation de cet ouvrage, et que le public devrait au moins lui en savoir gré. Cette insistance, cette répétition nous conduisent à penser que, même avant la publication de son oeuvre, Bowle avait entendu de sourds murmures de mécontentement.

Le tour de force exécuté par Bowle, c'est que toute son édition est en espagnol. Il est vrai que son espagnol n'était pas parfait. Même José de Armas, qui l'admire beaucoup, doit confesser:

"Lo asombroso es que Bowle aprendió el español en Inglaterra, sin haber venido nunca a España ni haber estado en país alguno donde se hablara nuestro idioma. El castellano tiene, como el francés, dificultades casi insuperables para un extranjero, y el comentario de Bowle se resiente, como es natural, de no pocos barbarismos y frases extrañas" 119

Baretti, dont la langue maternelle, l'Italien, lui facilitait énormément l'étude de l'espagnol, et qui, en 1760 et 1768, avait fait deux séjours assez prolongés en Espagne, satirise sans pitié, dans Tolondron, l'espagnol de Bowle; on a l'impression qu'il le fait faute de pouvoir critiquer, en connaissance de cause, l'érudition de son ennemi. Baretti insiste en particulier sur les fautes d'accentuation. On en trouve bien (dixó, sillá, etc.), mais Baretti exagère beaucoup.

La réception accordée par l'Espagne à l'édition de Bowle.

Le cervantisme n'était pas nécessairement une preuve d'hispanophilie. Au contraire, les admirateurs de Don Quichotte étaient souvent des hispanophobes 120 . On connaît le célèbre mot de Rica, ou plutôt de Montesquieu dans les Lettres Persanes: "Le seul de leurs livres qui soit bon est celui qui fait voir le ridicule de tous les autres". La situation est en effet d'une complication presque paradoxale. Ceux qui considéraient le Don Quichotte comme un chef d'oeuvre mondial, l'appréciaient souvent comme satire de la nation espagnole, de sorte que la valeur du roman venait du mépris qu'il respirait pour le pays qui l'avait produit. Nous disons du pays et non pas, comme Montesquieu, de sa littérature. En effet, l'observation de Montesquieu est fort injuste, car, tout populaires qu'eussent été dans la Péninsule les livres de chevalerie, ils n'étaient nullement particuliers à la littérature espagnole. Heureusement, assez peu de critiques du 18ème siècle ont suivi l'erreur de Montesquieu. L'opinion générale était que Cervantes avait tourné en ridicule sa propre nation. Ce point de vue est exprimé par exemple par Regnier Rapin, dans ses Reflexions sur la Poétique de ce temps et sur les Ouvrages des Poètes Anciens et Modernes 121 . Il prétend que Cervantes lavait confessé lui-même à Lope de Vega, ce qui ne laisse pas dêtre assez incroyable en vue de leur rivalité haineuse:

"Ce grand homme [Cervantes]...écrivit le Roman de Dom Quichot [sic] qui est une satire très fine de sa nation: parce que toute la noblesse d'Espagne qu'il rend ridicule par cet ouvrage, s'était entêtée de chevalerie. C'est une tradition que je tiens d'un de mes amis qui avait appris ce secret à Dom Lopé à qui Cervantes avait fait confidence de son ressentiment".

Les Espagnols eux-mêmes étaient divisés. Les anti-traditionalistes comme Nasarre appréciaient le Quichotte avec le critérium français. Les nationalistes au contraire le condamnaient comme anti-patriotique. L'exemple le plus connu de ces attaques se trouve chez Tomás de Erauso y Zavaleta, Discurso Crítico sobre el origen, calidad y estado presente de las Comedias de España (Madrid, 1750):

"Aquel parto ruidoso de la traviesa fantasía de Cervantes, tuvo, y tiene universal aprecio, que durará mientras haya hombres. Esto no es fortuna, ni honroso título de la Nación, como creen muchos...porque, bien mirado, más es borrón, que lustre su Obra, en que hallan los extranjeros testimoniado el concepto, que hacen, del que somos ridiculamente vanos, tiesos, fanfarrones, y preciados, con aprehension errada, de una tan alta y seria cavallerosidad, que nos hace risibles...ya saben les extranjeros que aquel escrito no tiene plausible, ni adequado mérito para la estimación que logra...es seco, aspero, escabroso, pobre soñado...esta fué la magna Obra del aplaudido Español Cervantes: esta fué la Gloria que de él recibió su Patria, y la constante Hidalguía, que la ilustra." (pp. 175-6).

Chose plus grave, beaucoup d'écrivains du 18ème siècle attribuaient à l'influence de Don Quichotte toute la décadence de l'Espagne. Cervantes avait détruit en la ridiculisant l'ancienne civilisation espagnole. Cette civilisation fougueuse était, il est vrai, assez ridicule, mais elle était préférable à l'apathie de l'Espagne déchue. C'est le point de vue qui est encore exprimé dans le célèbre vers de Byron: "Cervantes smiled Spain's chivalry away". Bien que l'influence de Don Quichotte ait été profonde et prolongée, il semble que les écrivains anglais et français du dix-huitième siècle, dans leur admiration excessive, l'aient exagérée. Leur attitude envers ce roman est donc assez équivoque. Ils savaient que les Espagnols étaient en même temps fiers et honteux de Don Quichotte, et ils attribuaient cette accusation aux Espagnols eux-mêmes. C'est ainsi que William Temple 122 , dans son célèbre essai, "Of ancient and modern learnings" (1692), prétend qu'il a entendu cette opinion d'un espagnol de Bruxelles, qui, bien qu'il n'ait pas été identifié, a pu exister de fait, puisque Bruxelles était la résidence préférée de Temple:

"An ingenious Spaniard at Brussels would need have it, that the history of Don Quixote had ruined the Spanish monarchy; for, before that time, love and valour were all romance among them; every young cavalier that entered the scene, dedicated the services of his life to his honour first and then to his Mistress. They lived and died in this romantic vein; and the old Duke of Alva, in his last Portugal expedition had a young Mistress to whom the glory of that expedition was devoted, by which he hoped to value himself, instead of those qualities he had lost with his youth. After Don Quixote appeared, and with that inimitable wit and humour turned all this romantic honour and love into ridicule; the Spaniards, he said, began to grow exhausted of both, and to laugh at fighting and loving; and the consequence of this, both upon their bodies and their minds, this Spaniard would needs have pass for a great cause of the ruin of Spain, or of its greatness and power".

La même opinion est attribuée à un espagnol dans les Memoirs of Captain Carleton, souvent attribuées, mais à tort, à Daniel Defoe. Ce Capitaine raconte son séjour en Espagne, où il avait été prisonnier. A San Clemente de la Manche, son hôte, Don Felix Pacheco, aurait exprimé à peu près la même opinion que l'Espagnol anonyme de Temple. 123 L'autenticité de ces mémoires, et par conséquent de ce Manchego, est douteuse. Citons enfin le numéro 219 du Tatler, dans lequel Richard Steele témoigne de la généralité de cette opinion.

Entreprendre donc dans ces circonstances, comme l'a fait Bowle, une édition du Quichotte, dans le but de mettre en relief la portée précise de la satire de Cervantes, pouvait être interprété comme une preuve d'hispanophobie aussi bien que d'hispanophilie.

Il semble que les Espagnols aient été plutôt jaloux de l'oeuvre admirable réalisée par Bowle. Gustav Becker affirme 124 que l'Académie Espagnole, ayant su qu'un étranger préparait une belle édition de Don Quichotte, s'est empressée de publier celle qui parut en 1780 chez don Joaquín Ibarra, la première publiée par l'Académie Espagnole. C'est une belle édition in-4, en quatre volumes, ornée de jolies gravures dont la plupart sont de José del Castillo, et précédée de l'étude fort connue de Don Vicente de los Ríos. Becker ne donne pas de preuves. Or la licence royale accordée par le Marquis de Grimaldi au Secrétaire de l'Académie, Francisco Antonio de Angulo, et publiée en tête du premier volume, est datée de 1773. Il est vrai qu'à cette date Bowle travaillait déjà à son édition, mais sa lettre à Percy dans laquelle il expliqua publiquement son projet n'est que de 1777, et la lettre que Pellicer lui envoya pour exprimer son admiration et son étonnement à cette nouvelle est de 1778. Il est évident que pendant les cinq ans qui s'étaient écoulés depuis 1773, l'édition de l'Académie avait dû faire de grands progrès. Il est possible que la nouvelle des intentions de Bowle ait précipité la publication de l'édition préparée par l'Académie Espagnole, mais la encore, il n'y a pas de preuves. Dans la Préface, il n'est question que de l'édition de 1738, qui est jugée fort bonne, mais insuffisante:

"La costosa y magnífica edición hecha en Londres por J. y R. Tonson el año de 1738 en cuatro tomos en cuarto real, y la que con arreglo a ésta se publicó en cuatro tomos en dozavo en la Haya el año de 1744, son sin duda las que se han hecho hasta ahora con mas cuidado y exactitud. Sin embargo se ha conservado en ellas el título de la obra adulterado como en las atecedentes 125 , y además de los errores de ortografía, de que abundan, tienen tambien otros muy substanciales, por haberse corregido en ellas algunos lugares, creyendo con equivocacion que estaban viciados, y haberse dejado sin coreccion otros, que la necesiteban" (ii).

Cependant la jalousie des Espagnols à l'égard des éditions étrangères du Quichotte ressort dans un autre passage de cette préface. L'Académie Espagnole, en publiant cette édition, a exigé:

"..que todo lo necesario para ella se trabajase dentro de España, y por artífices Españoles. El papel se mandó hacer en Cataluña en la fábrica de José Lorens. Se hicieron tres fundiciones nuevas de letra destinadas precisamente para esta obra, con las matices y punzones trabajados en Madrid por Don Gerónimo Gil para la imprenta de la Biblioteca Real, y franqueadas a la Academia por Don Juan de Santander, del Consejo de S.M., su Bibliotecario Mayor y Académico supernumerario. La impresion se ha hecho en casa de Don Joaquín Ibarra, impresor de Cámara de S.M. y de la Academia." (p. vii).

Il est douteux, comme nous l'avons dit, si l'Académie vise non seulement l'édition de 1738, mais aussi celle de Bowle. A l'inverse, il semble que Bowle n'a pas pu se servir de l'édition de l'Académie, qui n'est parue que quelques mois avant la sienne. Il aurait pu rectifier bien des choses à l'aide de l'édition espagnole. En particulier, il aurait pu profiter, pour corriger la sienne, de la carte d'Espagne illustrant les voyages de Don Quichotte, insérée entre la préface, qui a ccxxiv pages, et le commencement du texte. Cette carte, oeuvre de Don Tomás Lpez, géographe du roi, est infiniment supérieure à celle de Bowle, que ce même géographe aurait corrigée!

Tous les critiques répètent à l'envi que Don Juan Antonio Pellicer avait une grande admiration pour l'oeuvre de Bowle. Le fait est que, malgré leurs rapports amicaux, Pellicer, quand il a enfin publié sa célèbre édition du Quichotte, a voulu rabaisser le mérite de son prédécesseur, en lui accordant des louanges fort tièdes. Il est vrai que l'édition de Pellicer parut pour la première fois en 1797, et que Bowle était mort en 1788. Pellicer dit dans sa Préface:

"Admira el improbo trabajo que emprendió este infatigable inglés para honrar la memoria de Cervantes, ilustrando su obra. Dedicóse al estudio de la lengua castellana, é hizo en ella tales progresos, que sin haber salido de su patria consiguió no solo hablarla, sino escribirla. Adquirió un copioso número de libros castellanos así de caballerías, como de poesía, y de entretentimiento o invención: con otra no menor cantidad de libros italianos sobre las mismas materias. Con este aparato intentó una empresa, que, aunque superior a las fuerzas de un extranjero, siempre es loable. Esta fué reimprimir la Historia de Don Quixote en castellano, exornándola con perpetuas Notas, apreciables à la verdad; pero como el anotador no escribía principalmente para les lectores españoles, se hallan muchísimas más útiles para los extranjeros, que para aquellos. No negaré sin embargo que me he servido de algunas" (p. xvi).

On sent que chaque mot d'éloge dans ce passage est accordé à contre-coeur, et que Pellicer est très envieux de l'oeuvre de Bowle.

Toute cette envidia española envers le cervantisme étranger était assez naturelle devant le fait que cétait lAngleterre, et non l'Espagne qui avait toujours frayé la voie dans les études quichottesques. Cela est prouvé de façon brillante par James Fitzmaurice-Kelly, dans son étude "Cervantes in England" 126 . Il résume ainsi ses conclusions en ce qui concerne, non pas l'influence littéraire, qui fut énorme, mais l'érudition pure:

"I have shown that England was the first foreign country to mention Don Quixote, the first to translate the book, the first country in Europe to present it decently garbed in its native tongue, the first to indicate the birthplace of the author, the first to provide a biography of him, the first to publish a commentary on Don Quixote, and the first to issue a critical edition of the text." (p. 29).

Et ce fut surtout au 18ème siècle que l'érudition anglaise accomplit cette tâche.

______

Notes

108 H.E. Watts, Don Quichotte, (London, 5 vols., 1888), Introduction, pp. 11-12.

109 John Ormsby, Don Quixote, (London, 4 vols., 1885), Introduction, pp. 4 ss.

110 V. Ormsby, Don Quixote, iv, 420, et H.E. Watts Quixote, xxii.

111 R.C. Hoare, "Modern Wilts", The Modern History of South Wiltshire, vol. V, pp. 62-3, contient une courte biographie de John Bowle. A.J. Duffield, Don Quixote and His Critics and Commentatorsi, London, 1881. Voir pp. 2 ss. Duffield est plein d'enthousiasme pour l'oeuvre de Bowle. Malheureusement son érudition n'est pas égale à son enthousiasme. José de Armas, Cervantes en la literatura inglesa, Madrid, 1916, pp. 35 ss.Gustav Becker, Die Aufnahme des Don Quijote in die englische Litteratur (1605 bis c, 1770). Inaugural dissertation, Berlin 1902, pp. 5 ss.

112 La citation se trouve à la page x de l'avertissement anonyme publié en tête de l'édition française qui parut en deux volumes à Londres, sans date mais dans la première moitié du 18ème siècle.

113 Pineda, juif d'origine portugaise, affirme avoir été chargé de l'édition du Quichotte de 1738 sur le frontispice de son édition des diez libros de Fortuna y Amor d'Antonio de Lofraso "por el que a revisto, emmendado, puesto en buen orden y correjido a Don Quijote " (Londres, 1740).

114 V. Bardoux, Don Quichotte en France, vol. II.

115 L'Epistolarium Bowleanum, manuscrit, appartenait à l'hispaniste anglais A.J. Duffield. Cette lettre au Rev. Powel est reproduite au dessous du portrait de Bowle, en face de la page 62 du vol. V de The Modern History of South Wiltshire, par Sir Richard Colt Hoare.

116 id., p. xiii

117 La Bodléienne na aquis son premier exemplaire quen 1912, quand Paget Toynbee, trouvant une telle lacune fort regrettable, lui en fit cadeau. Voir sa lettre insérée au commencement de cet exemplaire (cote de la Bodléienne - Antiq. d. E 1781, 1-2).

118 George Ticknor, dans son History of Spanish Literature (1849), en dit: "It is in fact the true and safe foundation on which has been built much of what has since been done with success for the explanation and illustration of the Don Quixote, which thus owes more to Bowle than to any other of its editors except Clemencín".

119 Cervantes en la literatura inglesa, pp. 35-6. On ne sait cependant clairement si Armas a fait lui-même cette constatation ou s'il n'a fait que copier Pellicer ("Discurso Preliminar", p. xvi), qui dit exactement la même chose.

120 Voir Fitz-Maurice Kelly, Life of Cervantes, (Londres, 1892, pp. 278 ss.) pour un résumé du culte de Cervantes.

121 Seconde édition, Paris, 1675.

122 Sir William Temple (1628-1699), Londres 1757, en 3 vols., vol. III p. 464. Ne pas confondre avec William Johnstone Temple, l'ami de Johnson, de Grey, et de Boswell, qui n'a pris aucune part à notre polémique. Il était d'ailleurs ennemi des voyages à l'étranger. Sir William Temple était fort lu au 18ème siècle, et Johnson disait que c'était le premier écrivain à donner de la cadence à la langue anglaise.

123 Captain George Carleton, "Memoirs", London, 1728, p. 244.

124 Die Aufnahme des Don Quijote in die englishe Litteratur, p. 6.

125 Vida y Hechos del Ingenioso Hidalgo Don Quixote de la Mancha

126 "Proceedings of the British Academy", 1905-6, pp. 11-29.


<< 5: Giuseppe Marc Antonio Bartlett || 7: Un Duel entre Hispanophiles: Baretti et John Bowles >>