7: Un Duel entre Hispanophiles: Baretti et John Bowles
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Il est assez difficile de suivre les épisodes de la vendetta entre Giuseppe Marc Antonio Baretti et John
Bowle. Nous avons un écrit de l'anglais contre l'Italien, et une contre-attaque, également virulente, de
Baretti. Mais avant et après ces deux coups de tonnerre, la vendetta se poursuivit implacablement dans les
replis obscurs de la vie sociale et littéraire. C'était une véritable vendetta, car les littérateurs anglais de
l'époque étaient groupés sournoisement derrière l'un ou l'autre des protagonistes. En un mot, Bowle avait
derrière lui la clique de Percy, Baretti, celle, plus considérable, de Johnson. Cette polémique, contemporaine
de celle provoquée par l'article de Mariana, en est en quelque sorte la réplique. Elle montre la passion
violente qui séparait tous les hispanistes de l'époque. Moins intellectuelle que la discussion Massonienne, elle
est peut-être plus intéressante par la lumière qu'elle jette sur la vie littéraire de l'époque.
A en croire Baretti 127 , Bowle aurait rendu visite au Docteur Johnson, qu'il ne connaissait pas, dans
le but de l'intéresser à son édition de Don Quichotte. Ne trouvant pas assez chaleureux l'intérêt dont le
célèbre lexicographe lui fit preuve, Bowle ne lui aurait plus rendu une seule visite, et n'aurait cessé dès lors
de calomnier le grand homme, de même que son protégé Baretti.
Le commerce personnel de nos deux protagonistes semble avoir été assez désagréable, bien que fort
bref. Giuseppe Marc Antonio raconte 128 que leur ami commun, le Capitaine Crookshanks, l'avait invité à
dîner dans une taverne de Holborn avec Bowle et d'autres hispanophiles. Baretti crut que la conversation
se ferait en espagnol. Jugez de son étonnement, lorsque l'éditeur du Quichotte lui confessa qu'il ne savait pas
dire un mot d'espagnol, et qu'il ne comprenait pas du tout l'espagnol parlé! L'Italien se demanda dans son
for intérieur comment Bowle pouvait mettre les accents quand il écrivait l'espagnol, s'il ne savait pas les
prononcer. Bowle aurait fait des efforts grotesques pour gagner la sympathie de Baretti. Au milieu du dîner,
un prote se présenta en apportant des épreuves du Quichotte. L'Italien observa qu'il y avait à chaque ligne
des fautes d'accent; il en fit la remarque d'une façon voilée. Bowle ne voulut pas comprendre. Il corrigea
les épreuves pendant le repas, en déclarant que c'était bien la dernière correction. Ce qui est pire, c'est qu'il
laissa intactes presque toutes les fautes, et renvoya les épreuves à l'imprimeur. Baretti comprit que se serait
gaspiller trois bonnes Guines que de souscrire à une édition semblable. Lorsque le Capitaine Crookshanks
l'interrogea sur ce point, notre homme de lettres s'excusa en prétextant l'état de ses finances. Il offrit enfin
à Bowle son aide pour la correction des épreuves, puisque le pasteur, perdu au fond du Wiltshire, aurait bien
du mal à rester en contact avec l'imprimeur. Bowle aurait rejeté hautainement cette offre en disant qu'il ne
se fiait qu'à lui-même pour cette tâche si ardue. Depuis cette conversation peu satisfisante, les deux
hispanistes ne se seraient plus revus.
Cinq ou six ans plus tard, Giuseppe Marc Antonio fut invité à passer l'été chez un certain hobereau
pour enseigner l'espagnol à ses deux fils. Il apporta avec lui son exemplaire du Quichotte, pour servir de livre
de texte. Trouvant qu'un exemplaire n'était pas suffisant, notre gentil homme campagnard fit appel au
Capitaine Crookshanks, qui vivait dans le voisinage. Celui-ci apporta encore deux exemplaires, une édition
de Tonson, et une de Bowle. En voyant celle-ci, Baretti se rappela l'inCident de la taverne de Holborn. Il
vit que ses craintes n'étaient pas infondées; il y avait une moyenne de quarante ou cinquante fautes par page.
Et quant aux préfaces et aux appendices...! Tous les matins, pendant de longues heures, Baretti parcourut
avec ses élèves le texte du Quichotte, en notant en marge dans l'édition de Bowle toutes les observations qu'il
avait à faire. Le Captaine Crookshanks, ami des études espagnoles, assista régulièrement à ces séances. Il
constata avec étonnement que le grand hispaniste Bowle était en réalité un ignorant. Toute la société
provinciale commença à bafouer le nom du pauvre Bowle qui, vivant dans la même région, eut vent de ce qui
se passait, et vit du rouge. Le Capitaine Crookshanks s'étant avisé de l'aborder directement sur ce problème,
Bowle se brouilla avec lui, l'appela un faux ami, et ne le revit plus. Voilà la genèse de cette vendetta selon
Baretti, qui était en tout cas l'agresseur.
Les premières escarmouches eurent lieu dans la forêt obscure de la vie sociale. Les combattants ne
sortirent que peu à peu au grand jour de la presse. Ce furent d'abord deux ou trois critiques très violentes
de l'édition de Bowle qui parurent dans d'obscures revues. Bowle, qui semble n'avoir accepté le combat qu'à
contre-coeur, se servit comme clairon d'une des principales revues anglaises de l'époque - le Gentleman's
Magazine. Il y publia successivement cinq lettres. La première, datée du 17 août, 1784 129 , est addressée,
comme toute la correspondance publiée par cette revue, à "Mr. Urban", et signée "John Bowle". Il se plaint
des calomnies publiées contre lui dans certaines revues et s'écrie:
"I have found the perpetrators of them to have been, one a false friend, and another, as one
whose encomium I should regard as an affront and real slander; the one as fond of the
grossest flattery, as the other ready to give it, and both alike wholesale dealers in abuse and
detraction."
Il s'agit évidemment du Capitaine Crookshanks et de Baretti. Bowle cite ensuite, d'abord dans
l'original espagnol, puis en traduction anglaise, une lettre qu'il avait reçue de Madrid de quelqu'un qu'il ne
connaissait pas, dans laquelle son édition du Quichotte est l'objet des plus grands éloges.
Une année plus tard, Bowle revint à la charge dans le numéro de juillet, 1785, du Gentleman's
Magazine 130 . Cette fois, il signa avec un pseudonyme, "Querist". Dans son Tolondron
131 , qui parut l'année
suivante, Baretti reproduisit, avec des remarques, la seconde lettre de Bowle. Elle rappelle un inCident qui,
seize ans auparavant, avait, pendant un certain temps, mis, injustement d'ailleurs, la réputation de Baretti sous
un jour assez désagréable. Baretti, qui se pRomenait dans Haymarket, fut accosté par une prostituée. Il
l'écarta d'un coup sur la main. Trois souteneurs se présentèrent et se jetèrent sur lui. Baretti se défendit avec
un couteau. Malheureusement il asséna à l'un des trois un coup mortel. Accusé d'homiCide, il dut paraître
devant les tribunaux. Il avait droit, comme Italien, à un jury composé pour la moitié d'étrangers. Mais il ne
voulut pas profiter de cet avantage. Il fut cependant acquitté, grâce aux dépositions faites en sa faveur par
des anglais très illustres: Sir Joshua Reynolds, Dr. Johnson, Beauclerk, Fitzherbert, Burke, Garrick,
Goldsmith, et Dr. Halifax. Notre hispanophile sortit donc brillamment de cette épreuve. Son rival anglais
trouva cependant bon de rappeler ces évènements dans sa seconde lettre au Gentleman's Magazine, dans
laquelle Baretti est considéré comme un criminel et la protection que lui avait accordée Johnson comme une
preuve de générosité excessive ou de naïveté lamentable. Jamais polémiste ne s'est servi du linge sale de son
adversaire avec moins de pudeur.
La troisième lettre de Bowle parut dans le Gentleman's Magazine 132 d'août 1785. Il y employa un
nouveau pseudonyme: "Anti-Janus". Cette lettre fut reproduite, avec d'aimables commentaires, dans le
Tolondron de Baretti 133 . Elle le traite d'hypocrite; tandis que dans ses publications anglaises, il prétend être
anglophile, dans son coeur cest un ennemi féroce du pays qui le nourrit! Anti-Janus cite comme preuve les
"Lettere Familiari a suoi tre fratelli Filippo, Giovanni e Amadeo", dont le premier volume avait paru à Milan
en 1762, et le second à Venise en 1763. Baretti y dit des choses extrêmement désagréables sur le compte
de l'Angleterre. L'accusation est injuste, car si, dans son Journey, Baretti omet beaucoup de considérations
sur l'Angleterre qui figuraient dans les lettres Italiennes, c'est qu'il les considérait superflues. Les allusions
désagréables à l'Angleterre dans les lettres sont pardonnables, car Baretti y fait aussi des éloges fort
enthousiastes de l'Angleterre. 134
Bowle cependant ne pardonne rien. Il s'indigne, et proteste contre ce misérable qui a osé dire que
Londres est l'égout de l'Europe. Ce qui est certain est que Baretti y a assassiné un homme, et n'a pas trouvé
le châtiment mérité!
Une quatrième lettre contre Baretti, plus courte que les autres, parut dans le Gentleman's Magazine
de septembre 1785. 135 Baretti, qui la reproduit avec un commentaire dans son Tolondron
136 , l'attribue, ainsi
que toutes celles parues dans cette revue, à son archiennemi Bowle, bien qu'elle soit signée anonymement,
et prétende être une réponse à la seconde de ces lettres. L'auteur défend Johnson en disant que le
lexicographe se rendit enfin compte du vrai caractère de Baretti, et rompit avec lui. Il refusa de le voir
pendant les treize mois qui précédèrent sa mort, il l'omit de son testament, il ne voulut pas qu'il vînt à son
enterrement (Johnson était mort en 1784).
La cinquième et dernière de ces lettres, datée du 6 septembre 1785 137 , prétend de la même façon être
une réponse à la troisième, et porte les initiales mystérieuses "J.C." Baretti, qui la reproduit 138 , l'attribue
comme les autres à John Bowle, qui aurait pris le synonyme de "John Coglione"; c'est un exemple typique
du goût qui a prédominé dans cette polémique. Notre Italien avait bien des ennemis, et il est possible que
toutes ces lettres soient d'auteurs différents; presque tous les correspondants du Gentleman's Magazine ne
signaient qu'avec un pseudonyme ou des initiales. Mais la supposition de Baretti est également possible;
beaucoup de détails font croire que le seul Bowle était l'auteur de toutes ces lettres.
Après cette fusillade irrégulière, Bowle se déCida à essayer un grand combat. Il publia en 1785 des
Remarks on the Extraordinary Conduct of the Knight of the Ten Stars and the Italian Squire, to the editor
of Don Quixote. In a letter to J.S., D.D. Le "Knight of the Ten Stars" n'est autre que Captain Crookshanks,
son "Italian Squire" est, bien entendu, Baretti. Le ton de ce pamphlet est extrêmement violent; on y trouve
par exemple l'insinuation que l'Italien a volé la montre d'un ami.
La réponse ne se fit pas attendre. Baretti publia en 1786 son Tolondron 139 . Speeches to John Bowles
about his edition of Don Quixote; together with some account of Spanish literature. Les insultes occupent
dans les dix discours ("speeches") qui constituent ce livre, au moins dix fois autant de place que les
considérations philologiques. Baretti ne s'intéresse qu'à quelques petits problèmes d'orthographe et de
lexique, comme, par exemple, la traduction du mot "sardina"; (la sardine était alors un poisson presque
inconnu hors de l'Espagne et de l'Italie). Les insultes au contraire sont d'une richesse incroyable, quoique d'un
goût douteux. Citons comme exemple les deux vers avec lesquels Baretti introduit son second discours:
"Con rostro firme, y con serena frente,
Como habla el hideputa y como miente!"
On ne peut s'empêcher de penser que ces deux hispanistes auraient mieux fait de laisser là leur
vendetta, et de s'occuper plus de l'objet de leur études, l'espagnol, que ni l'un ni l'autre ne savaient
parfaitement. Baretti semble le connaître mieux que Bowle, - il avait l'avantage de sa langue maternelle,
l'Italien - mais même lui n'a pas atteint la perfection; dans sa Dissertacion epistolar acerca unas obras de la
Real Academia Española, écrite dans un espagnol assez riche et idiomatique, Baretti fait cependant quelques
fautes assez graves.
Les discussions, même un peu amères, peuvent, en piquant l'amour-propre des hispanistes, faire
avancer les études espagnoles. Mais ces polémiques violentes du 18ème siècle, dans lesquelles l'aspect
personnel finit par l'emporter de beaucoup sur la discussion technique, réduisent l'hispanisme à une cour du
roi Pétaud. Ce qui est assez lamentable dans la vendetta Bowle-Baretti, c'est l'âge des protagonistes. Bowle
avait soixante ans lorsqu'il publia ses Remarques contre Baretti, qui, lui, en avait soixante-six lorsqu'il écrivit
Tolondron.
Lequel de ces deux êtres fielleux est responsable de cette polémique ridicule? Il va sans dire que selon
Bowle c'est Baretti, et selon Baretti, c'est Bowle. Heureusement, tous deux se rendent compte dans des
moments de luCidité qu'ils se comportent d'une façon grotesque. C'est ainsi que Baretti dit 140 :
"Dear Jack [Baretti adresse souvent avec cette forme populaire son adversaire John Bowle],
if you will have me be your enemy, be it so, and good speed to me! But let us be gallant
enemies, that fight with their coats on, and not stripped to the skin, like ostlers and stable
boys. Let us pull each other's wig and cravat if coming within grasp, and even give each other
a good rap on the knuckles, when either shall awkwardly present his clenched fist to the
other's eye or nose; but let us not run a kitchen spit into each other's guts about accents, about
idioms, about right-written verses or wrong written verses; and other such petty nonsense."
De ces deux hommes qui s'accusent mutuellement d'avoir provoqué cette querelle, qui est dans le fait
le plus coupable? Il semblerait d'abord que ce fût Bowle, car c'est lui qui, avec ses lettres au Gentleman's
Magazine et ensuite avec ses Remarques, a donné à une querelle sociale, réduite aux chuchotements de la
conversation, la résonance de l'imprimerie. On pourrait croire que Baretti s'est contenté de répondre aux
attaques de Bowle.
Mais lorsqu'on examine de plus près la chose, on en vient à penser que la responsabilité de cette
querelle doit être imputée à Baretti. Cet Italien fougeux a entrepris des polémiques semblables presque sans
interruption au cours de sa longue vie. La première qui eut quelque retentissement fut celle qui, en 1750, le
brouilla avec Giuseppe Bartoli, professeur de littérature à Turin. Baretti publia contre celui-ci une satire
intitulée Primo Cicalamento. Bartoli en appela aux autorités universitaires, et eut gain de cause. S'étant par
cette imprudence fermé la porte aux emplois dans son pays natal, Baretti émigra à Londres, et à partir de
cette date (1751) il vécut plus en Angleterre qu'en Italie. Vinrent ensuite, en 1762, les récriminations du
gouvernement Portugais contre le premier volume des Lettere Familiari de Baretti, à la suite desquelles celui-ci perdit
la protection du Comte de Firmian, ministre autrichien à Milan 141 . Baretti entreprit ensuite, sous le
pseudonyme d'Aristarco Scannabue, la publication à Venise d'un journal dont le nom indique le but; il
s'appelait La Frusta Letteraria. Le résultat fut que Baretti se brouilla avec presque tous les érudits Italiens,
et surtout avec le Marquis de Tanucci, qui présidait l'académie chargée d'étudier les monuments
d'Herculaneum. En 1765 la Frusta Letteraria fut suprimée; il en étaient parus vingt-cinq numéros. 142
Baretti
fut tellement dégoûté de ce nouveau malheur qu'il dut garder le lit pendant deux bons mois. Il se retira à
Ancône, où il eut une querelle fort désagréable avec un certain Père Buonafede. Il revint en Angleterre, où
il se lia d'une amitié intime avec la famille Thrale. Mais il finit par se brouiller avec eux, et, plus tard, en 1788,
il publia dans le European Magazine une critique plus que virulente sur le mariage de Mrs. Thrale avec
Gabriel Piozzi, musicien Italien de grand talent. 143 Voilà en résumé les principales querelles que Baretti s'était
attirées avant la polémique qui nous intéresse. Bowle au contraire était un pasteur paisible qui n'avait jamais
d'histoires avec personne. Cette antithèse nous conduit à penser que, si Bowle a commencé une guerre en
règle, c'est néanmoins Baretti qui l'a provoquée. Baretti prétend que toute cette querelle est née de quelques
commentaires purement érudits qu'il avait écrits en marge d'une édition bowlienne du Quichotte. Il est
beaucoup plus probable que Baretti ait joué à Bowle une quantité de mauvais tours dans l'obscurité de la vie
sociale.
Baretti et Bowle avaient des raisons professionelles de se haïr. Tous deux étaient hispanistes, bien
que Baretti ait été surtout italianiste. Nous avons déjà parlé de son Voyage. Encouragé par le succès
incroyable de son dictionnaire anglo-Italien, il publia à Londres en 1778 un dictionnaire anglo-espagnol qui
fut réédité plusieurs fois. L'Espagne occupe une certaine place dans le livre publié à Londres en 1772, An
Introduction to the Most Useful European Languages. Baretti publia enfin une plaquette en espagnol sur
la nouvelle orthographe adoptée par l'Académie Espagnole; ce fut la Disertación epistolar acerca unas Obras
[sic] de la Real Academia Española, qui parut à Londres en 1784.
Malheureusement Baretti avait des projets semblables à ceux de Bowle. Mais tandis que le pasteur
d'Idmiston réalisa ses projets, le philosophe Italien ne réussit pas à conduire les siens à bonne fin, et il semble,
avec une illogicité inconsciente, en avoir voulu à Bowle de son insuccès. Il avait notamment l'intention de
publier une traduction anglaise de Don Quichotte, mais il l'abandonna, à moitié terminée, en 1772. Baretti
avait d'autre part une grande admiration pour le Père Isla. Il le considérait comme le plus grand écrivain
espagnol du 18ème siècle, et le digne successeur de Cervantes. Il conçut un projet, semblable à celui de
Bowle, de publier en Angleterre une édition espagnole du Fray Gerundio. Ce projet fut expliqué dans ses
"Proposals for printing the Life of Friar Gerund" (Londres 1771). L'édition espagnole ne parut point 144 . Une
traduction anglaise de Fray Gerundio parut à Dublin, puis à Londres, en 1772, mais les rapports entre Baretti
et le traducteur, qui qu'il fût (d'aucuns disent F. Warner, d'autres T. Nugent), ne sont pas clairs. On voit donc
que Baretti n'a réalisé aucun de ses deux grands projets espagnols. Sa propre instabilité est peut-être cause
de cet insuccès, mais, quoiqu'il en soit, sa jalousie n'est qu'humaine.
Quoique les motifs derrière la vendetta Bowle-Baretti aient été en partie mesquins, il y en avait
cependant de plus profonds. La haine raciale y jouait un certain rôle. Malgré son long séjour en Angleterre,
Baretti y a toujours été considéré comme étranger. Quelques propos imprudents qu'il avait tenus sur
l'Angleterrre lui avaient attiré des discussions désagréables. Chose curieuse, beaucoup d'Italiens lui
reprochaient au contraire son anglophilie; nous en avons vu un exemple dans le livre que C.F. Badini publia
à Venise vers 1770: Il vero carattere di G. Baretti pubblicato per amor della virtù calunniata, per
desinganno degl'Inglesi, e in difesa degl'Italiani. Selon Bowle, Baretti est un Italien qui ne sait même pas
l'Italien: "Oh, what an Talian [sic]! Libera nos, Domine from this Talian!" Baretti répond que son adversaire,
en se servant contre lui d'arguments personnels et mesquins, se montre indigne d'être anglais: "You show
yourself in the aspect of a Yucatan-alligator, rather than of an English citizen"Tragedie di Pier Cornelio tradotte in versi italiani,
con l'originale a fronte (4 vols. 4 to.). Mais sa francophobie se fit bientôt jour. En 1753, il publia en anglais
une Dissertation on the Italian Poets, dans laquelle il condamne les critiques superficielles et inexactes de
Voltaire 146 . Ensuite, Voltaire ayant perdu son admiration pour Shakespeare et, jusqu'à un certain point, pour
l'Angleterre, Baretti publia contre lui à Londres, en 1777, un Discours sur Shakespeare et sur Monsieur de
Voltaire. Dans ses Remarques, Bowle voulut apaiser son ennemi en lui disant que l'Abbé de la Porte dans
son Nouveau Voyage en Espagne avait parlé favorablement du Voyage de Baretti! Dans Tolondron, l'Italien
répond qu'il semble que l'Abbé de la Porte ne soit jamais allé en Espagne, et qu'il se soit servi, pour écrire son
Nouveau Voyage, de plusieurs livres, dont celui de Baretti. Il ajoute:
"I am vastly obliged to you for telling me that he allows me de l'esprit: a gratuitous present,
not frequently made to foreigners by the French who, in general, keep so fast l'esprit to
themselves, and consider it so much as their sole property, that a poor fellow born out of
France must congratulate himself as transcendently fortunate when he obtains from any
Monsieur so much of that pickle, as may occasionally render a dish palatable, when served
at any table throughout those parts of the universe. that are not included in his king's
dominions" (pp. 195-6)
On voit que c'est l'arrogance intellectuelle des Français qui, après avoir conduit les écrivains étrangers
à avoir honte de leurs propres pays, les a fait réagir et devenir francophobes.
Il y avait d'autre part entre Bowle et Baretti une différence de religion. Bowle était pasteur d'Idmiston
et, espérons-le du moins, aussi religieux que la masse des prêtres de l'église anglicane. Baretti, lui, abandonna
très jeune les croyances catholiques dans lesquelles il avait été élevé, et fut pendant le reste de sa vie un
agnostique déclaré sans être agressif. C'est peut-être pour cela que la satire d'Isla contre les prédicateurs
catholiques lui plut tant. Les Remarques de Bowle avaient comme sous titre "In a letter to J.S., D.D." (i.e.
Doctor of Divinity). Dans sa réponse Tolondron, Baretti se gausse perpétuellement de ce théologien
anonyme.
Il y avait enfin une différence d'école littéraire. En Angleterre, Baretti est connu surtout comme l'ami
du docteur Johnson. Il lui fut présenté à Londres peu après son arrivée en 1751. Johnson lui accorda sa
protection et le présenta à Thrale et aux hommes de lettres les plus distingués de l'époque. Lorsque, en 1780,
Baretti publia son dictionnaire anglo-Italien, qui devait le rendre célèbre, ce fut le docteur Johnson qui en
écrivit la dédicace. Ce fut encore le grand lexicographe qui lui conseilla d'écrire le récit de son célèbre
voyage. Pendant le séjour de Baretti en Italie, les deux soutinrent une correspondance régulière. A son
retour en Angleterre, Baretti publia un Account of the Manners and Customs of Italy (Londres, 1768, in 4),
dont Johnson dit:
"His account of Italy is a very entertaining book; and, sir, I know no man who carries his head
higher in conversation than Baretti. There are strong powers in his mind. He has not, indeed,
many hooks, but with what hooks he has he grapples very forcibly." 147
Johnson loua également la nouvelle édition du Voyage en Espagne de Baretti, qui parut en 1770 148 .
Après la malheureuse affaire de Haymarket, ce fut surtout Johnson qui réussit à faire acquitter l'Italien de
l'accusation d'assassinat. En 1775, Baretti accompagna son grand ami et la famille Thrale dans leur célèbre
voyage en France. Johnson mourut en 1784. Ce petit résumé suffit pour montrer que ses rapports avec
Baretti avaient été longs, cordiaux, et intimes. Cependant ils semblent sêtre brouillés peu avant la mort de
Johnson. L'auteur, probablement Bowle, de la lettre parue dans le Gentleman's Magazine de septembre,
1785 prétend que Johnson avait rompu avec Baretti dès qu'il avait compris la fausseté de l'Italien. Baretti
donne une explication fort plausible des faits dans son Tolondron (pp. 142 ss.). Mais ailleurs il admet lui-même que:
"My connection with Dr. Johnson, though quite close and quite familiar during a great
number of years, was nevertheless like every other intimacy, subject at intervals to the
vicissitudes of coinCidence and discrepance of opinion." 149
Or un témoin impartial et bien placé, Miss Reynolds, raconte que la mendicité de Baretti exaspéra
Johnson, qui, dans un accès de colère, le chassa de chez lui. Cette querelle, qui eut lieu un an avant la mort
de Johnson, ne fut jamais réparée.
Bowle, lui, avait eu quelques rapports avec Johnson - il avait été membre du Essex Head Club fondé
par le lexicographe - mais il semble s'être brouillé avec lui et s'être rallié à la clique de Percy. Baretti lui
reproche amèrement ses attaques contre la gloire nationale qu'était le grand lexicographe. Ce fut sous
l'influence de Percy que Bowle publia, en 1765, un recueil d'anciennes poésies anglaises. Percy l'encouragea
également à publier son édition du Quichotte; ce fut à lui que Baretti adressa en 1777 sa Letter to the Rev.
Dr. Percy concerning a new and classical edition of Historia del Valeroso Cavallero Don Quixote de la
Mancha. Or on sait que Johnson faisait une opposition tantôt sourde, tantôt ouverte, aux efforts de Percy
pour remettre en valeur l'ancienne poésie anglaise. 150
L'opposition entre ces deux écoles était une des causes principales, du moins dans la partie
intellectuelle et érudite, de la vendetta Bowle-Baretti. Selon le titre de la lettre bowlienne addressée à Percy,
cette nouvelle édition du Quichotte devait être "illustrated by annotations and extracts from the historians,
poets, and romances of Spain and Italy." Et Bowle de fouiller une quantité énorme d'oeuvres anciennes,
surtout des romans de chevalerie, pour trouver les sources de Don Quichotte. L'argument de Bowle est
solide. Il dit que Cervantes a écrit une satire des romans de chevalerie; examinons donc les oeuvres qu'il a
satirisées. Baretti rejette cependant cet argument. Les recherches de Bowle, dit-il, sont pure perte de temps;
l'Espagne telle qu'elle est, et la vie espagnole suffisent pour expliquer le chef d'oeuvre de Cervantes.
"Don Quixote is a book that wants no Comento, but what may be contained in two or three
pages, as very few are the things in it that want explanation and clarification. Travelling
through Spain, one meets with it, not only in almost every gentleman's house; but not seldom
in inns, in barbers'shops, and in peasant's cottages: and boys and girls, ten years old,
understand it as well as grown folks; nor is ever any body stopt in the perusal by any
difficulty. Robinson Crusoe in England, Gil Blas in France, and Bertoldo in Italy are not
better understood, than Don Quixote is in Spain: and Cervantes himself was so far from
suspecting his book would ever want a comment, that he courageously predicted the
popularity of it, not only in his own country, but in many countries: nor can a book ever be
popular, that wants a comment to make it intelligible. Far from harbouring any such idea, or
hinting, that, to understand his Don Quixote, we were to read the chivalry and other silly
books he had read himself, Cervantes condemned them all to be burnt by means of the Curate:
and the few, that he did not doom to the flames, were not saved with a view that they should
assist readers to understand Don Quixote, but out of partiality to this and that, on some other
account. Fling you, Mr. John Bowle, fling into the fire you Comento likewise; as I tell it you
again, that there is not one line throughout Don Quixote in any want of your explanations" 151 .
Ce jugement tranchant et absolu de Baretti est tout à fait injustifiable. Il est évident que la violence
de ces polémiques rendit impossible toute discussion calme et équilibrée.
Chose curieuse, les protagonistes de cette polémique sont deux hispanophiles, et non pas, comme
d'habitude, un hispanophile et un hispanophobe. Bowle n'a jamais écrit de livre sur l'Espagne, de sorte qu'il
n'a pas eu l'occasion d'expliquer en détail son hispanophilie. Mais elle est prouvée par lassiduité et l'amour
avec lesquels il a étudié l'Espagne. Quant à Baretti, son Voyage contient des passages défavorables à la
Péninsule. Mais dans sa polémique avec Bowle, il ne parle de l'Espagne qu'avec la plus grande admiration.
Il y a notamment dans Tolondron un passage important qui a un rapport direct avec la polémique
Massonienne:
"Before I went to that country myself, I had read, in English, in French, and in Italian, more
accounts of Spain, than I have fingers on my hands, and found almost nothing else in them,
but long descants, no less ridiculous than false, no less petulant than insipid, on Spanish
idleness, Spanish ignorance, Spanish superstition, Spanish beggary, Spanish dereliction of all
that is good. During my short residence at Madrid, the second time I was there especially,
I got notions of a different kind, because I was so lucky, as to be introduced in what they call
the best companies, where I could pay at sight my little bills of talk, without borrowing from
the Italian or French chat-lenders, as most foreigners are forced to do, that go there with a
single como está usted in their purse. There it was, that I made my humble bow to the Señor
Don Campomanes, who deigned to converse with me, while his sprightly daughter, Bibiana,
then a bride (I shall never forger her black eyes) was nimbly dancing Fandangos and
Seguidillas with her Esposo. There I shook hands more than once with Father Sarmiento in
his own appartment, three or four pair of stairs up in his convent, and even helped him to feed
a multitude of sparrows, that visited him every morning. There I had once or twice a glimpse
of Father Flores and a few more Reverendissimos, that used pretty often to call on the good
Sarmiento. There I walked more than once in the King's Botanic garden, about half a league
out of Madrid, betwixt Don Bermudes the botanist, and Don Domingo Venier, a learned
Navarran, and Ayuda de Camara to his Majesty, both willing to turn me into a pretty botanist,
but that I cannot remember the names of plants, when they are not of the culinary kind. There
I dined twice, if not three times, at the geographer Don Tomaso Lopez, who showed me many
maps he had himself made, of various provinces and districts of Spain. There, at Count
Gazola's, General of the artillery, I paid my respects to several engineers, mineralogists,
mathematicians, and other such people, who frequently surrounded him, and formed such
entertaining company, as I shall never see the like for the future: nor do I, as yet, forget thee,
most courteous and most amiable Abate Romero, with whom I have so often wished to talk
English again of the present state of the Arts and Sciences in thy country! There I went to
see the Royal Academy of Painting and that of the Spanish language, and exchanged words
with several of their respective members. In Madrid, at Talavera la Reina, Toledo,
Guadalaxara, Zaragozza [sic], and in divers parts of Catalonia, I gave running looks 152 to
several manufacturies of cloth and divers other things, and heard from divers creditable
persons, that, at Valencia they work above three thousand looms in manufacturing silks only,
besides a great many that they have for clothes and silks at Segovia, and other towns, which
I had not time or means to go to. I was going to omit, that I saw in many towns many
libraries and booksellers' shops, largely furnished with books, many printing-offices and many
hospitals richly endowed, and well attended. If you will form a judgement to what a
perfection the arts of paper-making and type-casting for the use of printers, has been carried,
give but a look to the translation of Sallust, made by one of the Royal Sons 153 , and to the
academicians' quarto and octavo editions of Don Quixote 154 ; and tell me then, whether the
Spaniards, in that particular, have reason to envy Baskerville, or any English or French type-caster or paper-maker. In one word, as in a hundred, I saw with my own eyes, that in Spain
there was something more than superstition, ignorance, idleness, beggary, and dereliction of
everything, as many careless or disingenous rascals would make me believe before I went
there myself. I will not say by all this, that Spain is as yet, upon the whole, so far and so
generally advanced in arts and sciences, as France or England are. I will only say, that her
sons are hard at work this very day, and that they take large strides to rival both the English
and the French in everything" (pp. 175-9).
Les sentiments exprimés par notre Italien sont, on le voit, bien plus flatteurs pour l'Espagne que ceux
qui prédominaient dans cette littérature polémique.
Cependant, tandis que les Anglais se rangeaient en général du côté de Baretti et rabaissaient le mérite
de Bowle, les Espagnols regardaient avec méfiance l'hispanophilie du polémiste Italien. Baretti nous
raconte 155 la plaisanterie que lui joua un español sur qui son Voyage avait fait une impression assez
équivoque. Nous trouvons d'ailleurs rarement des éloges de l'Italien chez les écrivains espagnols. Ils
montrèrent, au contraire, beaucoup de gratitude et d'admiration à l'égard de Bowle, et personne, pas même
le grand cervantiste Antonio Pellicer, ne songea à lui reprocher les erreurs qui font tache dans sa grandiose
édition de Quichotte. En effet, bien que la réalisation ait déçu, le projet de Bowle était plus sérieux, plus
vaste, et plus érudit que tous les échantillons d'hispanisme que nous a laissés Baretti. Pour Bowle les érudits
espagnols déclaraient, à contre coeur il est vrai, avoir une grande admiration. Ils n'aimaient pas Baretti, ils
admiraient Bowle au point d'en être honteux.
______
Notes
127 Tolondron, pp. 248-9.
128 Tolondron, Speech the First.
129 Gentleman's Magazine, 1784, Vol. LIV, pp. 565-6.
130 Gentleman's Magazine, Vol. LV, pp. 497-8.
131 Speech the Fifth, pp. 116 ss.
132 Gentleman's Magazine, Vol. LV, p. 608.
133 Speech the Fifth, pp. 133 ss.
134 Le passage ou Baretti qualifie Londres d'égout de vice est un mélange curieux d'admiration et d'ironie:
"Addio, Inghilterra mia bella, addio, sede di virtù; addio sentina di vizio. Io ti lascio e ti
abbandono forse per sempre, e con poco rincrescimento, perche vado a rividere i miei
dolcissimi fratelli dopo una troppo lunga separazione. Ma se ti lascio e t'abbadono con
poco rincrescimento per così guista e per così grande cagione, non è pero ch'io non ti
desideri ogni sorte di prosperità, madre di gente valerosa, madre di uomini doti,
magnanimi e buoni, e di donne sopra ogni dire stimabile ed amabilissime. Ecco ch'io
m'accomiato da te, Inghilterra gloriosa, e m'inginocchio e bacio il tuo nobil terreno, e
prego l'altissimo Iddio che voglia toccar il cuore a que' tanti furfanti, onde t'è in parte
sconcianta la natural bellezza, e renderli simili a quei tanti galantuomini que te
l'accrescono" (Lettere Familiari, I).
135 Gentleman's Magazine, Vol. LV, p. 675.
136 Speech the Sixth, pp. 142 ss.
137 Gentleman's Magazine, Vol. LV, p. 760.
138 Tolondron, Speech the Sixth, pp. 152 ss.
139 Mot espagnol, que Baretti lui-même, dans son dictionnaire espagnol-anglais, traduit par "blundering
fellow".
140 Tolondron, pp. 46-7
141 Voir Lacy Collison-Morley, Giuseppe Baretti and his friends, pp. 132 ff.
142 Il est intéressant de noter que dans le numéro IX de la Frusta Letteraria, Baretti, fidèle à son maître
Johnson, attaque Denina, qui, dans son Essai sur la Littérature Ecossaise avait exagéré le mérite de celle-ci, aux dépens de la littérature anglaise. Denina est, bien entendu, un des principaux défenseurs de
l'Espagne dans l'affaire Masson.
143 Voir Boswell, Life of Johnson, ed. Croker, VI. p. 169, et Mrs. Piozzi, Autobiography, pp. 103 ss.
. 144 L'apographe de Fray Gerundio, quatre volumes tout de la main de Baretti, se trouvent à la Biblioteca
Nazionale de Turin (Mss. spagnuoli, 1). La préface de Baretti a été publiée par V. Cosmo dans
l'Appendice I de son étude "Giuseppe Baretti e José Francesco de Isla" (Giornale Stovico della letteratua
italiana, XLV, pp. 280-97) et par Luigi Piccioni dans Giuseppe Baretti. Prefazioni e Polemiche (Bari,
1911), pp. 313 ss. Cette préface a un certain intérêt pour notre polémique.
145 Tolondron, p. 30 et p. 97.
146 Voir Bouvy, E. Voltaire et l'Italie, Paris, Hachette, 1898, et id. "La critique dantesque au 18ème
siècle", dans la Revue des Universités du Midi, Bordeaux, 1895.
147 Boswell, "Life of Johnson", ed. Croker, iii 48.
148 Voir Letter to Mrs Thrale of 20 July, 1771.
149 European Magazine, XIV, p. 89.
150 Cependant Johnson admirait le Quichotte, et prodigua même des louanges sur The Female Quixote
(1752) de Mrs. Thrale; du chef d'oeuvre de Cervantes il disait qu'il était inférieur seulement à l'Iliade.
(Voir Hester Lynch Piozzi, Anecdotes of the late Samuel Johnson , London 1786, p. 281.) Percy, qui
avait malgré tout des rapports très amicaux avec Johnson, affirme que le lexicographe avait, dans sa
jeunesse, dévoré des livres de chevalerie. Selon Boswell, il était bien revenu de cette manie. "I have
heard him attribute to those extravagant fictions that unsettled turn of mind which prevented his ever
fixing in any profession" (Voir Life of Johnson, edited by Birkbeck Hill, Oxford 1887, I, pp. 48-9).
151 Tolondron, pp. 308-10.
152 Quelle jolie expression "Running looks"! On soupçonne que Baretti n'en a rien fait du tout, car dans
son Journey il n'en parle point, et la rapidité de son voyage rend presque impossible ces visites aux
manufactures. Quant à ses rapports avec l'élite de Madrid pendant son second voyage en Espagne,
Baretti ne l'indique qu'en passant dans l'Appendice de son Journey, et il semblerait qu'il n'y insiste
tellement ici que pour faire ressortir son hispanophilie.
153 La célèbre édition de Salluste publiée chez Joaquín Ibarra sous les auspices de l'Infante Don Gabriel.
154 Celle de 1780, éditée par Vicente de los Ríos, et la réédition de 1782. Louer l'édition espagnole du
Quichotte équivalait à rabaisser le mérite de celle de Bowle!
155 Tolondron, pp. 197 ss.
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